jeudi 12 février 2009
Souffrir ?
Lorsque souffrir est devenu un mode de vie que l'on cache derrière un sourire qui invite l'autre à déposer à son tour ses griefs et ses espoirs, lorsque mourir est devenu une tâche quotidienne en ajoutant grain de sable après grain de sable pour enrayer l'engrenage de la vie, avec un héroïsme plein de lâcheté, qu'est-ce qui peut avoir la force de vous tirer de là ? Toute la beauté s'est concentrée dans cette dame blanche, éternelle fantôme survolant les bois et les champs, dont me parlait ma mère: ces traits pâles, ces yeux fous, me hantent encore et je me rends compte que je n'est jamais cherché autre chose. Tout ce qui amène mon coeur à s'émouvoir est nécessairement triste, déchiré, et jamais je n'associe le beau au bon, ou le beau au joyeux. Le bonheur est fadaise si ce n'est au bord d'une falaise, précipice attirant l'envol de cette âme que je me retrouve, qu'on m'a donnée. Tout cela sonne comme une plainte, je sais, et pourtant ça ne l'est pas. C'est ma berceuse à moi, pour m'endormir les soirs de solitude. C'est le reflet de cette dame blanche, mon éternelle promise, avec ses yeux fous, son sourire cruel et blafard. Un jour, je remercierai tout le monde, et vous aussi, et me retournerai, pour partir. J'irai me perdre dans ce rêve qui ne me quitte pas, douce Lorelei au cœur de pierre, aux cheveux désormais gris comme l'éternité. Est-ce un conte, une histoire ? Où est-ce vrai ? Ici, ou dans les yeux de cette dame blanche ?
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