lundi 23 février 2009

J'écris

J'écris, comme pour me vider de mon sang. J'écris, comme pour me vider de toute substance. D'autres parlent, d'autres agissent. Est-ce par lâcheté, est-ce par complaisance ? J'écris. J'écris, sans avoir rien à dire. J'écris, pour tout dire. J'écris sans arrêt et, plus j'écris, plus mon esprit s'agite et se retourne, sans trouver le sommeil, sans trouver de repos. J'écris. J'écris, comme une complainte inutile, comme un refrain lassant qui toujours et toujours se répète. J'écris, pour ne pas crier. J'écris comme d'autres boivent pour étouffer en eux le souffle du mal. J'écris. J'écris jusqu'à plus soif, j'écris jusqu'à plus faim. J'écris jusqu'à la prochaine dépression, jusqu'à la prochaine répression. Alors, oui, j'arrêterai d 'écrire, pour un temps. Alors, ma main sera paralysée par ce cri sur le point d'éclater, mais sur le point seulement, car pas un son ne passera mes lèvres, scellées à tout jamais sur l'indicible - car même le cri le plus puissant, le plus barbare, le plus sauvage, ne pourra dire ce qui ne se dit pas puisque personne n'est là pour entendre. Le dire n'est possible qu'avec l'entendre, et personne ne peut entendre sans risquer de perdre la raison. Ce cri, il rend fou celui qui l'écoute. Ce cri, il nous rend fou. Et les yeux hagards, tournés vers l'intérieur, ne connaissent pas de sommeil. Mais ça, c'est moi qui l'écrit, l'esprit sans repos, l'esprit sans raison: tout cela n'est donc que folle lubie. n'écoutez pas et suivez votre chemin. Je suis abreuvé de paroles sans rimes ni raison, ivre de mots se bousculant sans queue ni tête. A demain, donc, ou après-demain.

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