mardi 25 mai 2010

Pourquoi j'écris

Je ne sais pas pourquoi j'écris des choses comme celles-ci: "Pensez à ces enfants qui ne connaissent des adultes que leur bas-ventre... A ces enfants qui auront, adultes, pour seul souvenir non pas les coups, mais la peur des coups ; non pas la souffrance, mais la peur de la souffrance. Il y a ceux qui n'ont pas survécu, et puis ceux qui finissent sur le trottoir dans tous les sens. Il y a ceux qui meurent, et puis ceux qui sont morts dedans. Et puis il y a les autres... et chez moi la haine des autres: du coupable à celui qui ne dit rien, de celui qui nie à celui qui offre sa pitié avec un air goguenard qui en dit long sur son empathie, de ceux qui vous traitent avec une pitié vile à ceux qui vous regardent comme si vous étiez vous-même la souillure, et non pas la victime de cette souillure." En écrivant ces mots, j'ai la sensation de parler de moi, alors qu'on parle d'enfants tués, torturés, de cercles pédophiles internationaux.Je ressens la souffrance et le martyr de ces enfants comme si je l'avais vécu. J'ai la désagréable sensation d'aller jusqu'à oublier ces enfants tellement je pense à moi, et je n'aime pas ça du tout.

mardi 18 mai 2010

S. Ferenczi

Juste un petit message suite à diverses interventions que j'ai relevées sur mon blog. Je suis content que celui-ci ait pu servir à mettre en contact certaines personnes, je ne pouvais pas demander mieux.

La lecture que je recommande vivement à quiconque a été touché par l'inceste ou à quiconque connaît une victime est un petit livre très facile à lire, A LA PORTEE DE TOUS selon moi, soit : "Confusion de langue entre les adultes et l'enfant" de S. Ferenczi, l'un des rares psychanalystes qui ait eu à dire quelque chose de fondamental sur l'inceste, bien que ce ne soit pas le seul non plus.

samedi 15 mai 2010

Deux autres poèmes retrouvés

Encore une fois, poème est beaucoup dire, mais voilà...

L'ENFANT DE LA MORT

Je suis l'enfant de la mort,
l'orphelin de l'éternelle.

Je suis l'enfant de la mort,
de l'hydre aux cent têtes.
De cauchemars me nourris,
de silence m'abreuve.

Je suis le fils de la mort,
de la dame blanche arpentant le pavé,
du soleil noir de l'oubli,
des amours dépravés des harpies.

La fatale m'a donné la vie,
d'un baiser l'a repris.
J'ai planté mon dard entre ses reins,
et là il est resté.

Des monstres horribles habitent mes nuits,
et des pensées obscures hantent mes jours.

Je me lève au pôle sud,
dans les ténèbres glacées de la peur.
Je me couche au pôle nord,
dans les neiges de l'ennui.

J'ai vu les sourires brisés
des galériens enivrés.
J'ai bu les lèvres évanescentes
d'un souvenir qui ne sait s'éteindre.

Ma bonne étoile est aux enfers
à trinquer avec le diable.
Les lèvres effleurées ont souillé ma bouche
de boue, de sang et d'ordure.

Je suis le fils de la mort,
amant de l'infinie,
le néant est mon antre,
l'insoupçonnée ma maîtresse.

L'épée au fourreau a blanchi,
les yeux se sont fermés,
le volcan s'est éteint,
tout est bien.

J'étais jeune encore, lorsque la mort m'a donné rendez-vous.
Pour ne pas que j'oublie,
elle a laissé dans mes entrailles
l'empreinte de son corps flasque.

Ses seins cent fois rongés
se sont reposés sur mon ventre blanc.
Ses reins affairés et épuisés
ont délivré leur charge de venin.

Je suis l'enfant jamais né,
le fils qui n'est jamais parti,
Pégase de cendres, je parcours l'enfer
et mes sabots de sang lèvent une poussière infecte.
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Cauchemar

Cent fleurs se sont fanées,
cent été se sont consommés,
un vautour plane là-haut,
réclamant les agapes qui lui sont dues.

Là, par terre, un corps étendu,
les jambes écartées, éviré,
me présente ses grâces -
et je mange.

Les convives attablés
rient de me voir souillé de sang,
à chaque bouchée,
un vers, dérangé, lève la tête.

Le sang noir sur mes lèvres
jette des reflets lugubres.
La nuit envahit mon regard
et étreint mon esprit.

Le voile de pureté
s'est évanoui.
Un linceul de boue
m'invite à me reposer.

Le soleil du désert
a blanchi mes os
et les lambeaux de chair
qui s'obstinent à rester
s'aggripent désespérément
à ce qui fut autrefois un coeur.

Lorsque l'antique me donna la mort,
je n'étais qu'un enfant.
Dans un lit blanc d'hôpital
je vis défiler mes ancêtres.

Fermant les yeux, j'ai voulu voir le jour.
en les ouvrant, je n'aperçus
qu'une robe déchirée.
Ai-je compris alors ?

Un cri de désespoir
s'efforça de faire fuir les ténèbres,
mais les légions cauchemardesques
sont arrivées au grand galop.

Couché dans les draps blancs,
j'ai couvert ma tête et,
depuis, je n'en suis plus sorti.
A quoi bon raconter la suite,
si l'histoire ne fait que se répéter ?
A quoi bon ?

Les yeux secs (poème retrouvé)

Voici un poème vieux de plus de vingt ans. Un poème, pas vraiment, puisque je ne suis pas littéraire pour un sou, mais c'est à travers cette forme que j'ai essayé de m'exprimer...

secs, secs sont les yeux
secs, secs sont les vieux
et je pleure cent larmes
et je pleure sans larmes
et je ne pleus plus
et je ne peux plus

Oui, secs, secs sont les yeux
secs, secs sont les coups

Je ne pleure plus,
je ne ris plus,
mais ai-je jamais ri
mais ai-je jamais pleuré,
mais ai-je jamais vu

secs, secs mes cheveux
car trop sec est le vent
du profond intérieur
et trop vieux est le banc
sur lequel je n'ose m'asseoir
et trop jeune est le coeur
sur lequel je n'ose me recueillir
et trop grand est l'amour.
Trop grande la décharge privée,
trop grand le désert de peur,
la Sibérie des quatre-vents,
l'affront supporté et rendu,
la justice inassouvie.

Trop sèches les ruines qui ne fument plus
par peur de trahir le feu qui ne brûle plus.
Trop grand et trop sec le calme
d'après la tempête à venir,
la tempête qui n'éclatera pas,
ne brisera pas,
ne chantera pas,
ne tuera pas,
ne nuira pas,
ne trahira pas,
ne vengera pas,
car il n'y a rien à venger.
Il n'y a plus que des cailloux secs, secs, secs,
coulant de mes yeux secs, secs, secs,
qui n'attendent que la fin de l'oubli,
attentifs à ne pas manquer le final.

Oui.
Non.
Oui.
Non.
Oui.
Non.

Je ne pleure pas,
je ne veux pas,
je ne vis pas,
je ne tais pas,
j'oublie.
Je ne fuis pas,
Je ne cherche pas,
je ne marche pas,
je ne sec pas,
je ne noie pas,
je ne crois pas,
je ne vois pas,
Je... ne... pas !

Sec, bien trop sec,
la forêt est partie.
La forêt est morte,
ma mère est morte
par manque de bois.
Je n'ai pas voulu sacrifier mon coeur de chaîne,
je n'ai pas voulu
Je n'ai pas voulu
Qui a volé mon coeur,
Qui a châtré mon âme,
Qui a brûlé mes yeux,
Qui m'a enculé.
Non, je n'ai pas voulu.
Je n'ai plus voulu visiter son antre,
je l'ai perdue dans la forêt,
en courant après les loups, nu, un soir d'hiver,
en courant après vous.

Secs, toujours secs, encore secs,
j'ai brûlé le feu, et avec le feu l'antre, et avec l'antre le fer.
Personne ne veut en moi.
La pluie est lointaine,
à l'autre bout de l'hémisphère.
Il me faut pénétrer la terre,
il me faut la battre, la traverser de part en part.
Mais la pluie me fuit.
Elle sèche dans mon coeur, ne laissant que son amertume,
et le désert.

Sec, sec est mon arbre.
Il ne pleure plus, il est loin de la terre,
il est loin de la mère.
Secs, secs mes souvenirs,
comme un centime perdu et rongé.

Sec, sec mon passé
qui ne peut plus voir le jour.

Sec, sec, sec mon être
qu'on n'a su faire naître.
Secs, secs mes yeux,
mais encore moins froid que la mort.
Tiens, voilà le vent du nord qui se lève.

mercredi 12 mai 2010

Problème (2)

Dans une relation de couple, le problème revient à la question de confiance: jusqu'où est-ce que je m'autorise à demander de l'aide à mon partenaire ? Jusqu'où est-ce que je m'autorise à me révéler moi-même ? Et donc, jusqu'où ma partenaire peut-elle avoir confiance en qui ne se démasque pas totalement ?

dimanche 9 mai 2010

Problème

Problème : peut-on apprendre à vivre par devoir pour ses enfants ou pour toute autre personne.

Réponse : non parce que, pour apprendre à vivre, il faut apprendre à se respecter, voire à s'aimer, et on ne s'aime pas pour l'amour des enfants, par devoir.

Réflexion annexe: les enfants ou le compagnon / la compagne ne peuvent pas servir pour donner un sens à la vie parce que 1) ce serait comme s'aimer soi-même pour l'amour d'un autre, ce qui est un contre-sens; 2) ce serait prendre l'autre pour une fonction dans notre propre vie, et non pour une personne à soi, indépendante de nous.

mercredi 5 mai 2010

Mélancolie

Il faut passer sa vie à se battre. Lorsque la mélancolie vous prend et vous fait oublier la noirceur du passé pour vous présenter la souvenance de moments heureux qui n'ont jamais existés - qui n'étaient bonheur que dans la mesure où les coups ne pleuvaient pas et que le coeur était encore nourri de l'espoir que demain peut-être... il faut se battre pour ne pas retourner en arrière, réprimer ses larmes qu'autrefois on confondait avec des larmes d'amour purifiant la scabrosité d'une existence pourrie. Et pourtant, ces larmes étaient consolatrices, tranquillisantes: pleure mon enfant, jusqu'à ce que le sommeil s'abatte sur toi, t'abatte. Demain tu te réveilleras, qui sait où, qui sait après quelle aventure - peut-être la tête te fera mal, peut-être un peu de nausée et ce goût étrange dans la bouche...

Il faut se battre pour redonner aux sentiments leur cadre véridique, pour passer du songe-creux au creux des songes.

Triste existence que celle-ci, pourtant.

Faire face à la mélancolie, la prendre en pleine figure, sans céder, sans excuses...