mercredi 15 avril 2009

Désolé

Je suis désolé de vivre, désolé de persister ici.
Je suis désolé de vous ennuyer, désolé d'être ennuyé.
Je suis désolé d'être moi-même, ou de ne pas l'être.
Je suis désolé d'être désolé.

Et si d'aucuns disent, "trop désolé pour être honnête",
alors je suis désolé d'être malhonnête.

Je suis désolé d'être ici ou là, d'être mal fait.
Je suis désolé de n'être ni ici, ni là,
de n'être pas à ma place, ou à la place d'un autre.
Je suis désolé, sincèrement désolé.

Je suis désolé de n'être pas heureux,
Je suis désolé de n'être pas malheureux.
Désolé de souffrir sans souffrir, de rire en pleurant.
Je suis désolé pour moi, mais surtout pour vous tous.

Cesser de me désoler me désolerait encore plus,
je le crains. Et là encore, j'en suis désolé.

Je suis désolé que tous ces "désolés" n'apportent rien
à personne, désolé de peser à travers ma désolation.
J'aimerais être utile, apporter quelque chose,
mais je suis trop désolé pour cela.

Désolé d'être encore las, las de tout, las de rien.
Fatigue infinie qui pèse sur mes pensées, sur mon corps,
comme un autre corps qui s'écraserait sur mes chairs.
Ici s'arrêtent les mots, et commencent les images.

Envies

Envie de mourir. Le soleil m'ennuie. Il brûle ma morosité devenue naturelle.

Envie de mourir pour ne plus vivre, pour ne plus peser.

Envie de mourir pour rien, pour tout.

Envie de me retrouver moi-même dans les bras froids de la mort.

Souffrir enfin, ou ne plus souffrir, je ne sais plus.

Envie de mourir, un point c'est tout.

samedi 11 avril 2009

Rêves sales

J’ai aimé un songe, un sable mouvant.
J’ai aimé un rêve. Ai-je aimé ? Ou bien me suis-je accroché à mon bourreau pour quémander un peu de pitié ?
Je me suis abaissé, je me suis humilié. Je me suis donné, je me suis laissé. Volontairement, puisque je n’avais pas le choix.
Je me suis sali, je me suis vieilli, puis je me suis terni, et j’ai pourri. J’ai crié ton nom, mais tu étais partie. Je t’ai appelée, mais déjà tu n’écoutais plus. Ainsi va la vie, ainsi grandissent les enfants.
Je n’ai plus appelé, je me suis tu. De mains en mains, de nuits en nuits, de jours en jours, j’ai vécu.
Enfant du désert, fils de la lune et d’une bouteille, j’ai grandi entre les mégots et les doigts sales.
Ma vie est un rêve que je traverse tranquille. Mon cœur est là-bas, resté sur la berge. Je ne sens plus sa souffrance. Ma vie n’est pas le rêve que je rêvais.
Je n’appelle plus, je ne crie le nom de personne. Mes proches sont à des années lumière. Ainsi va la vie, ainsi grandissent les adultes.
Un bâillement au loin, le chien qui s’ennuie de voir toujours la même lune. Et j’attends le mot fin.

dimanche 5 avril 2009

Miroirs faussaires

Je replace ici un message que j'ai supprimé dans un premier temps. Cette suppression était une réaction illogique au choc qu'a ressenti une personne qui m'est très chère à la lecture de ce que j'avais exprimé.

Il est des fois où l'on a du mal à faire face aux implications de ce que l'on dit ou fait. Le vide dans lequel je vis a des implications sur les gens qui m'entourent et qui se voient renvoyer une image difficile à accepter des choix pris en commun. A moi d'assumer cela, de m'assumer, même s'il m'est difficile de comprendre où cela me mène. Pour ceux qui vivent avec des personnes comme moi, le problème est tout aussi poignant que pour moi-même : faire des projets ou tout simplement vivre avec quelqu'un qui ne semble pas apprécier quoi que ce soit de cette communauté de vie, cela est à tout le moins frustrant, et peut être totalement déprimant. Après tout, qui sait ce qu'une telle personne pourrait devenir par la suite, si jamais elle réussit à se retrouver.

Voici donc le message original avec, en italiques, les commentaires reçus:


Est-ce qu'il faut aimer la vie ? Je ne sais pas, je n'ai jamais su. La vie, on vous la jette en pleine figure lorsque vous êtes enfant. Cela passe plus ou moins bien, ça peut être très dur. Cela prend plus ou moins de temps, et on peut avaler la vie de travers. Moi, j'ai bu pas mal pour la faire passer, et ce n'était pas bon. Il reste toujours un arrière-goût lubrique qui vous fait douter de votre bon sens.

En fin de compte, personne ne peut vous obliger à aimer la vie: aimer la vie n'est pas un devoir. La vie n'est pas non plus aimable en soi: pour certains, elle est détestable, un point c'est tout. Pour aimer la vie, il faut commencer par rendre sa propre vie digne d'être vécue, et cela n'est pas simple, pas simple du tout, surtout si on a pris l'habitude de jouer à trompe-la-vie à défaut de tromper la mort. On s'ennuie et on passe son temps à regarder ailleurs, loin, pour ne pas regarder ici et là, là où ça fait mal.

On a du mal à aimer la vie quand on s'ennuie: on peut jouer à ne pas s'ennuyer, mais cela devient très complexe, un jeu de miroirs faussés pour tromper l'ennui: on fait mine de s'esclaffer pour cacher un bâillement, on fait mine de grimacer pour masquer le bâillonnement.

C'était quelques réflexions oiseuses pour faire durer le temps... le temps d'un instant. Je ne vise pas l'éternité, cela s'entend, mais juste l'instant d'après qui, peut-être, apportera un autre dérivatif. Le jeu est une autre façon de tromper l'ennui, ou l'envie: cela ne vous engage à rien, de jouer. Cela vous permet de gagner encore un peu de temps sur la mort, sur le vide de l'âme. Même si l'on n'est pas dupe, on se paie le luxe de se faire croire qu'on s'amuse.

Mais on revient vite au discours principal, on redevient sérieux.

Est-ce qu'il faut aimer la vie ? Je ne sais pas, je n'ai jamais su...
Libellés : Pensées

Giudi.

On a du mal à aimer la vie quand on s'ennuie....

No chains for no reason, remember our beautiful pact so many years ago?
But first things first, no bloody chains for our kids.

Noemi

En fait ce que tu dis ca me fait penser aussi qu'il y a eu toujours un décalage entre ce qu'on aurait pu être et ce qu'on est réellement. on a toujours joué un rôle. Depuis très petits.on a perdu ce qu'on aurait pu laisser épanouir dans de bonnes conditions.on a perdu qui on était réellement à force de jouer un rôle imposé.
en plus l'enfant qu'on a été est perdu dans le magma des doutes et du déni. Très longtemps on n'a pas été dans la réalité. On s'est construit sur du faux sur nous-mêmes.Avec des repères faussés aussi; Et adultes on fait notre petit travail de reconstruction de la personnalité et du passé ce qui prend la tête et l'envahit empêchant de nous faire confiance même à nos ressentis et à nous-mêmes.
je ressens oui aussi cet ennui qui est mélé à la lassitude -à la fatigue de ces combats sous-terrains qu'on fait face à nous-mêmes.
"Le jeu est une autre façon de tromper l'ennui, ou l'envie"
tromper l'envie ! tu veux dire que tu n'exprimes pas tes envies ?
peut-être déjà tu pourrais essayer de les identifier et de les exprimer ?
c'est une manière de revenir à quelque chose de soi-même et il y a moins d'ennui quand on est peu à peu en accord avec soi-même.
je dis ca mais je n'arrive pas à les exprimer non-plus !
arriver à "imposer" en envie voilà qui serait quand même très important à réussir (je parle pour moi je ne sais pas si tu y arrives) j'ai tendance comme par habitude à faire passer les besoins des autres après les miens comme si c'était impensable totalement que je puisse exprimer une envie !
je suis conditionnée à ça !
il faut se déconditionner et c'est pas simple mais ca peut être un petit début.