Pourquoi cet intérêt pour la pornographie à travers le livre de M. Marzano, "La pornographie ou l'épuisement du désir" ?
Tout comme la pornographie n'a plus grand chose à voir avec la sexualité, la pédophilie et la pédophilie incestueuse n'ont, elles non plus, rien de sexuel.
La sexualité est un échange entre personnes, une "rencontre" dans laquelle deux personnes, ou plus, partagent des sensations et explorent les limites réciproques à travers le corps pour se retrouver soi-même dans le rapport à l'autre qui doit, par nécessité, rester autre.
Dans la pornographie, le corps du désir est morcelé et tué, l'objet du désir est présenté comme prédigéré, vidé de son sens et proposé à la consommation: l'autre n'est plus.
De même dans la pédophilie: comme l'avait déjà exprimé Ferenczi, l'enfant ne peut comprendre le langage sexué de l'adulte et tout échange est donc, par définition, impossible au niveau de la sexualité avec un enfant. Ce ne peut donc pas être la "chose sexuelle" qui attire un adulte vers un enfant, que cet adulte soit un parent ou un étranger. Le rapport pédophile/incestueux est un rapport de possession dans lequel l'enfant ne peut jouer le rôle d'un "Autre" irréductible: l'enfant est là pour être annihilé, choséifié. Il est un bout de chair entre les mains de l'adulte qui ne connaît plus les limites de l'interdit érotique, pour parler dans l'esprit de M. Marzano.
L'enfant, de par sa fragilité, est immédiatement disponible et consommable: il est manipulable à merci. L'adulte peut l'éduquer à obéir. Combien de cas d'enfants relève-t-on dernièrement dans la presse qui ont été littéralement élevés dans l'esclavage et habitués à obéir jusqu'à un âge avancé: depuis Fritzl en Autriche, un cas en Pologne, un cas en Angleterre, un autre bien connu depuis longtemps en France, un autre encore aux Etats-Unis.
Ces rapports nés dans la pédophilie n'ont rien à voir avec la sexualité: il s'agit de la négation de toute sexualité, d'une prise de pouvoir d'un ego par assimilation d'un autre. L'autre est littéralement digéré, phagocyté. Il devient la projection vivante de l'égo du pédophile.
Le sexe est ainsi nié à la victime. Pornographie, pédophilie, sadisme - tout cela est inspiré à la même veine sombre de l'humain, le refus du vide d'un ego en projetant ce vide dans un autre, en se débarrassant de son vide de sens et en créant un vide de sens en reflet dans la victime qui devient victime expiatoire, victime excrémentielle, dépositaire des ordures du tortionnaire.
D'où l'importance du manque d'empathie même chez un pédophile qui ne serait pas de type "agressif": l'enfant est, selon lui (ou elle d'ailleurs) demandeur de "câlins"; l'enfant ressent du plaisir et en est reconnaissant. C'est ce que le pédophile finit par croire non pas parce qu'il réussit à s'en convaincre, mais parce qu'il est incapable de saisir l'altérité dans l'autre et finit donc par se retrouver lui-même dans les yeux de sa victime en s'y projetant avec avidité.
La peur de l'autre entraîne ainsi la recherche d'une marionnette qui est négation de l'altérité puisque privée de volonté et de désirs propres. L'enfant est le désir du pédophile et ne peut donc avoir d'autre désir que le désir du pédophile (ou du parent incestueux). L'enfant est par essence, aux yeux du pédophile, un être à modeler selon son bon vouloir : il est tout le contraire d'un sujet libre susceptible d'imposer une volonté ou un désir à l'égal de la volonté ou du désir de l'adulte. Finalement, c'est l'adulte qui doit interpréter le comportement de l'enfant comme consentant ou non consentant, et le pédophile voit toujours l'enfant comme consentant, jusqu'à ce que, d'ailleurs, l'enfant finisse par le croire lui-même. Le cercle est alors bouclé et l'enfant-victime s'accole de plus la responsabilité de sa propre victimisation, libérant définitivement le pédophile de tout remord qui pourrait, d'aventure, subsister encore.
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