"L'enfant ne veut pas seulement être aimé, il veut parler. Quand il ne le peut pas, quand il sait mieux que vous ce qui ne se dit pas, il apprend aussi qu'On veut sa mort. Qui, On ? Pas forcément celui qui l'a forcé. Mais qui alors ? Justement ça il ne sait pas. On, c'est ce qui l'empêche de parler, le fait rentrer au fond de lui, dans une nuit d'abandon, où se trament peu à peu dans l'ombre d'obscures vengeances encore sans visage ni destinataire."
"L'enfant, ou le non-parlant. C'est bien ce qu'a voulu dire d'abord le mot 'enfant'. Enfant : du latin 'in', particule négative, et 'fans', participe présent du verbe 'fari', parler. Enfant a donc désigné d'abord le nouveau-né ou le très jeune enfant. Celui qui ne parle pas."
"Il ne faut pas prendre les enfants pour des idiots.
Ce n'est pas parce qu'ils la bouclent qu'ils ne savent pas ce dont il s'agit.
Et ce n'est pas non plus parce qu'ils laissent faire qu'ils y trouvent leur compte."
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Curieusement, je lis votre billet alors que je viens de raccrocher le téléphone après une conversation au téléphone avec ma petite sœur. Elle a un enfant de 5 ans qui ne parle pas. Il a subi 1 semaine de test à l'hôpital Robert Debré et le résultat est qu'il n'a rien ??? Il n'articule pourtant rien et que faire ?
RépondreSupprimerLa nouvelle psy de l'enfant – qui semble bien – demande à ma sœur un entretien avec elle seule. Ma sœur a peur du discours habituel comme quoi tout est de sa faute. Je l'ai poussée à y aller en confiance. Je suis moi-même en psy depuis 5 ans et la mienne m'a dit, encore dernièrement, que je ne parle pas de moi. J'ai pourtant l'impression de le faire tout le temps ou plutôt je l'écris. Il se peut aussi que lorsqu'on a appris à "se la boucler", on en garde une incapacité à parler et le pire : on transmet le mal-être indicible.
C'est sûr qu'il ne faut pas les prendre pour des idiots. Et lorsqu'ils ne parlent pas c'est pire que tout.
RépondreSupprimerAuteure anonyme : C'est votre soeur ou bien le petit qui à été abusé ?
C'est très culpabilisant comme discours, mais malheureusement, nos enfants portent notre histoire. Et ce même si nous en avons pleinement conscience et que nous travaillons dessus.
Parce que travailler sur nous c'est bien, mais avant de TOUT "nettoyer" et apaiser, ben c'est un long labeur. Sans compter tous les points sur lequels on se voile la face...
Malgré mon travail que je fais depuis des années maintenant, mon petit de 5 ans aussi, porte quand même certaines choses sur ses petites épaules. Certaines frayeurs. Par exemple depuis quelques mois, il ne supporte pas d'être seul à l'étage " parce que j'ai peur que quelqu'un vienne pour me faire du mal"...Je ne vous dis pas combien mon coeur saigne de voir ses petits yeux et cette peur bien réelle pour lui.
Et puis, je ne parle pas de tous les problèmes ORL qui parlent pour lui de manière inconsciente.
Alors tout n'est pas de ma faute c'est sûr, mais parfois ça me rend malade de me dire que même si sa vie est douce, MON histoire vient lui causer des problèmes.
Pourtant je lui ai parlé ( de mon histoire pour ne pas en faire un secret encore plus lourd à porter), pourtant je l'ai rassuré, pourtant il est protégé, pourtant il est aimé, dorloté, choyé, respecté, pourtant, pourtant...Mais même si c'est un enfant trèèès heureux, intelligent, malicieux, mon histoire est inscrite en lui et il lui faudra sûrement aussi faire un peu de chemin pour vaincre ce lourd "patrimoine".
Quand je vois ce que cela fait à mes enfants alors qu'ils n'ont rien vécu, je suis anéantie de penser à nos douleurs d'enfants et de ces autres petits qui encore aujourd'hui partout ailleursvivent "pleinement" ce crime.
Bises à tous.
L'un de mes enfants a aussi fait des tests à R. Debré, mais pour d'autres choses. Je pense que l'hôpital à de bons psys - et j'en connais plusieurs. Quant au poids de nos vécus sur les enfants, rien à dire, mais il faut leur apprendre à parler et surtout à dire non. J'ai parlé moi aussi à mon aîné vers ses 5 ans et, maintenant, il en sait bien plus que ceux de son âge. C'est plus dur pour le second qui comprend plus difficilement, mais il en sait déjà un peu. La psy qui nous suit en thérapie familiale dit que nos enfants sont clairement mieux préparés que les autres, ce qui m'a fait un très grand bien. Cela signifie leur faire perdre un peu de la légèreté de l'enfance, mais si cette légèreté a pour fonction de les laisser sans défense entre les mains de pédophiles, alors je ne regrette rien.
RépondreSupprimerQuant à nos douleurs d'enfants, j'ai encore du mal à y penser. J'ai peur de me déchirer. J'en ressens quand même quelque chose, très très peu, amnésie aidant.
En tous les cas, je vous recommande ce livre d'Annie Leclerc, Paedophilia : il s'agit d'un manuscrit non publié du vivant de cette philosophe féministe ayant elle-même vécu des abus.
Pour répondre à nath, ma sœur a toujours dit n'avoir rien subi de la part de mon père. Nous avons tourné ensemble un film de Carole Roussopoulos en 1988 et elle disait n'avoir rien subi. La Conspiration des oreilles bouchées : http://viols-par-inceste.blogspot.com/2009/12/la-conspiration-des-oreilles-bouchees.html, mais le percheman, en pause, a dit qu'elle aurait vraiment du mal à s'en sortir.
RépondreSupprimerNath, avez-vous un blog ?
J'ai parlé à mon ainée juste après être sorti du déni lorsque qu'elle avait 2 mois. Je lui ai dit genre " je suis très heureuse de t'avoir et je t'aime, et si tu sens que je suis très triste par moment, saches que ce n'est pas de ta faute, juste que maman à vécu toute petite des choses qui lui ont faite beaucoup de mal".
RépondreSupprimerInstinctivement, j'ai toujours préféré la transparence et quand ça n'allait pas je la rassurais histoire qu'elle ne culpabilise pas. Les enfants ont de véritables radars quand aux états d'ames de leurs parents. Elle a parlé a deux ans comme un livre et très vite les questions ont fusées.Et avec l'age et l'intelligence de la demoiselle c'était sport par moment.
Mon deuxième a su le jour de sa naissance et je lui devais bien ça vu mon état lors de l'expulsion. Un jour lorsqu'il avait un an environ je n'allais vraiment pas bien du tout et je lui ai parlé pour le rassurer....On crois toujours que les petits ne comprennent pas bien mais...Il est devenu très triste, s'est mis à pleurer et s'est blotti tout contre moi.
Il a commencé a parler juste après cet épisode...
Très tôt ils ont su qu'on ne suit pas les inconnus et pourquoi. Mais AUSSI que personne et même pas quelqu'un de connu n'a à leur demander de faire quoi que ce soit. D'ailleurs ils ne sont pas obligés de faire un bisou pour dire bonjour.
Auteure anonyme: Même si elle n'a rien subi, le petit peut tout aussi bien porter l'histoire familiale. La mémoire s'inscrit quand même malheureusement.
oui j'ai un blog . Cliquez sur mon prénom.
Bien à vous
@uteure anonyme: on me dit que la page est introuvable(??). Pourtant cela m'interesse fort !
RépondreSupprimerMerci pour m'avoir fait découvrir le cliquage sur le nom.
RépondreSupprimerDonc, dans mon blog, sur la droite, si on défile et que l'on clique sur l'image qui porte le nom du titre du film : La conspiration des oreilles bouchées, on tombe sur le billet.
Je suis donc allée sur le site de nat et je suis heureuse de voir que dans vos commentaires, il y a plus d'espoir que dans les billets plus anciens.
J'ai envie de dire une évidence :
Quand on se déprécie, on fait leur jeu, leur but était de nous détruire en nous inspirant notre propre dégoût. Alors la meilleure manière de leur prouver que nous sommes là, c'est non seulement d'y être, mais d'avoir une descendance. La vie est plus forte que la mort.
J'ai pensé aujourd'hui aux douleurs d'enfants dont parle Philippe.
RépondreSupprimerJ'ai commencé à militer en 1988 et l'on me reprochait de ne pas parler de moi, de ne pas mettre mon paquet au panier du partage.
L'amnésie est un moyen de survie. Je ne vois pas pourquoi nous serions obligés de revivre éternellement ces horreurs. Même si on dit qu'une fois dites, on les oublie vraiment. Ça j'ai vraiment du mal à y croire.
Je préfère l'autofiction une part de vrai plus une part de poésie.
Je pense que, de toutes façons, on ne peut jamais vraiment se souvenir de tout. Peut-être, et c'est ma problématique, faudrait-il se souvenir de suffisamment de choses pour ne plus douter... C'est un, puis deux témoignages externes qui m'ont fait découvrir ce que j'avais vécu et ce n'est que par recoupement que j'arrive à accepter ces témoignages - deux amies qui ont traversé les mêmes tribulations. J'aimerais avoir d'autres souvenirs que ce que les autres appellent des flashbacks, des cauchemars les yeux grands ouverts qui me tombent dessus à l'improviste, de jour comme de nuit.
RépondreSupprimerQuitte à revivre quelque chose, je préfèrerais le faire en toute conscience. Quant à la part de poésie, il nous en a bien fallu et elle ne nous manquera jamais, sans quoi nous ne serions pas là...
Je connais une psy neurologue avec laquelle j'interviens en conférence de sensibilisation. Comme nous avons une relation professionnelle, je ne l'ai pas essayée, mais je connais ses résultats. Son blog
RépondreSupprimerhttp://stopauxviolences.blogspot.com/
J'ai fait la part des choses entre oublier et se souvenir et les deux sont difficiles. Les personnes qui ont oubliées et qui doutent se sont un peu plus investies dans la vie sociale. Vous avez fait des études de philo semble-t-il ?
J'ai passé ma vie sociale à me flinguer, percluse de culpabilité. Je n'ai que le bac et il en découle une foultitude de petits boulots "expédients".
Oh moi j'ai pourtant " oublié" mais je me suis quand même sabotée. Bon après ma chère maman était maltraitante aussi c'est vrai..
RépondreSupprimerJe comprends parfaite Philippe par rapport à la confusion de son amnésie. Je n'ai aucun doute que ce soit horrible de se souvenir de tout. Mais ne pas se souvenir est tout aussi terrible. ça nous donne cette impression de devenir complètement fou. On entre-perçoit des choses mais c'est tellement flou qu'on ne sait plus si ce sont des cauchemards ou la réalité et du coup on a l'impression de n'être qu'un pervers aliéné.
Alors, même si on a "réussi" certaines choses, tout peut très vite voler en éclats. Parce que, ben parce que cette "folie" nous donne certaines impulsions dévastatrices.
Il n'y a pas de meilleurs cas je crois. Juste des personnes qui souffrent avec des sensibilités différentes.
Vous savez auteure anonyme je suis assez "forte" pour soutenir mon entourage c'est vrai, mais c'est justement parce que je suis très sensible et que cette sensibilité viens aussi de ma fragilité. Et dieu sait combien je suis fragile quand il s'agit de ma couanne.
Bises.
"Les personnes qui ont oublié et qui doutent se sont un peu plus investies dans la vie sociale."
RépondreSupprimerJ'ai fait des études parce que cela m'a permis de fuire d'abord dans le rêve, puis de quitter le trou pourri qui m'avait vu grandir, et surtout tous ces visages qui savaient tout, qui nous avaient déshabillés du regard, et pas seulement du regard, et qui ensuite nous enfonçaient dans la délinquance pour noyer leur mauvaise conscience. J'ai choisi philo parce que je me trouvais trop fou pour être psy, et je crois que j'ai très bien fait.
En ce qui concerne l'engagement social, je ne suis pas sûr de savoir même ce qu'est un "ami" et je ne connais donc pratiquement personne, n'invite personne. Non pas que je méprise qui que ce soit, juste que je ne sais pas... Mon travail me permet de me terrer chez moi, sans relation professionnelle en face à face, l'isolement complet. Je sens que cela n'est pas bon pour les enfants, mais les choses ont été comme ça jusqu'à aujourd'hui.
Entre se souvenir et ne pas se souvenir, que doit-on préférer ? Je pense qu'on ne peut pas généraliser: à chacun son histoire et ses besoins. Je sais que j'ai vécu des années de destruction sans savoir pourquoi. Aujourd'hui, tout devient un peu plus clair: pourquoi cette tendance à me mettre en état de faiblesse ? Pourquoi m'être mis en état d'être à nouveau abusé, presque sciemment ? Pourquoi ce dégoût et cette haine vis-à-vis de quelque chose en moi ? Pourquoi ce vide et cette envie de m'anéantir ? Je comprends mieux, et je veux comprendre mieux encore. Et cela m'enrage de ne pas savoir qui parmi ceux qui vivent dans cette petite ville de malheur a pu s'amuser avec ces quatre enfants. Certains sont déjà morts tranquillement, d'autres ont souffert un peu plus.
Auteure anonyme, pour quelqu'un qui n'a que le bac, vous en savez plus que beaucoup qui ont été bien plus loin. Mes deux frères n'ont même pas fait le lycée, quant à eux, et l'un est déjà mort, seul, dans un misérable appartement. L'autre me fait peur et pourrait bien un jour suivre les traces du premier...
Nath, je suis tout à fait d'accord avec toi sur la folie et sur le lien entre sensibilité et fragilité: d'une certaine façon, notre fragilité peut aussi donner quelque chose de positif.
"Je sais que j'ai vécu des années de destruction sans savoir pourquoi. Aujourd'hui, tout devient un peu plus clair: pourquoi cette tendance à me mettre en état de faiblesse ? Pourquoi m'être mis en état d'être à nouveau abusé, presque sciemment ? Pourquoi ce dégoût et cette haine vis-à-vis de quelque chose en moi ? Pourquoi ce vide et cette envie de m'anéantir ? Je comprends mieux, et je veux comprendre mieux encore. Et cela m'enrage de ne pas savoir qui parmi ceux qui vivent dans cette petite ville de malheur a pu s'amuser avec ces quatre enfants."
RépondreSupprimerOui, oui, c'est rageant ! Parce que c'est notre vie et que c'est important pour tout le monde de savoir ce qui c'est passé dans notre enfance. Comme ces enfants adoptés qui veulent absolumment aller vers les traces de leurs parents génétiques.
C'est plus fort que nous, même si d'un côté cela nous a arrangé de ne plus se rappeler, la comedie ne dure qu'un temps. Peut-être parce qu'inconsciemment nous sommes plus prêts a encaisser même ses détails sordides qui comptent tant pour nous ??
Affectueusement
Le passé a en soi une partie de la clé qui nous permet de mieux comprendre nos comportements: le psychisme a ses propres mécanismes de type déterministe qui vont bien au-delà de la mémoire consciente. Nous avons vécu quelque chose qui ressemble à l'expérience subie par le chien de Pavlov, en bien plus complexe et pernicieux. Pour savoir pourquoi nous recherchons souvent ce qui va immanquablement nous faire souffrir, il faut avoir une idée de ce que nous avons subi: se soumettre à certaines formes de violence pour obtenir des miettes d'amour, ou au moins l'espoir de les obtenir, par exemple. La peur des coups, aussi, ou la peur des voix masculines trop fortes... Autant de choses que l'on ne comprendra pas si on a oublié les formes d'exploitation que nous avons subi, différentes pour chacun de nous. Je suis sûr désormais que des violences physiques et d'autres formes de violence m'ont été imposées avec mes compagnons d'infortune. Cela explique un bon nombre de comportements qui, sans cela, semblent totalement ineptes, insensibles, étant donné d'autres aspects de ma vie actuelle, en désaccord avec ce qui transparaît de ma personnalité à travers ma profession et mes études par exemple... C'est comme cela qu'on reconstruit un puzzle - ou plutôt que l'on se construit une personnalité qui n'a jamais pu exister, en fin de compte. Ce n'est pas se reconstruire, mais bien se construire...
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