jeudi 25 mars 2010

Femmes fatales (Michèle Agrapart-Delmas)

Un petit passage de ce livre qui contient des observations qui, je pense, vont au-delà des profils ici concernés, ceux des "serial killer".

"Or tout individu relevant de l'article 122-1 est considéré comme non punissable en raison de l'abolition totale ou partielle de son discernement, et échappant ainsi à la sanction pénale, va aller grossir les services de psychiatrie. Cependant l'exonération de peine, le non-lieu psychiatrique sont rarissimes en matière pénale, et liés essentiellement à des maladies graves comme la schizophrénie. C'est toute l'ambiguité entre les concepts de responsabilité, d'imputabilité et de punissabilité...

D'autre part, on n'est jamais fou à temps plein tandis que la guillotine, qui n'a d'ailleurs jamais été dissuasive pour les criminels toujours persuadés d'être plus malins que les policiers et de fait de leur échapper, évite certes les récidives mais pas les erreurs judiciaires.

La quasi-totalité des tueurs multirécidivistes ont tout leur discernement et leur parfaite lucidité. Les actes sont commis en toute connaissance de cause pour apaiser une pulsion, et le plaisir éprouvé entraîne la récidive.

Mais traiter un criminel de fou, c'est se différencier de lui, ne pas s'y identifier, le mettre à bonne distance sécurisante pour chacun d'entre nous en l'excluant d'une société de gens dits 'normaux' qui eux ne violent pas les jeunes vierges ni ne tuent les enfants."

Ce qui m'intéresse ici, ce sont tout d'abord ces trois concepts de "responsabilité", "imputabilité" et "punissabilité". De même, la remarque sur la folie à temps plein. Dans les affaires de viol et d'inceste, on entend toujours la même rengaine: un homme, le pauvre, a été victime de ses pulsions. Que voulez-vous, c'est un homme et sa femme le délaissait ou il était pauvre d'esprit, il a eu une enfance difficile. Mais cet homme qui viole sa fille plusieurs fois par semaine sur des années et ne s'arrête que quand la jeune fille le menace de tout dire, cet homme n'a-t-il pas eu le temps de penser pendant toutes ces années ? Et le violeur d'un soir doit-il nécessairement se défendre en arguant que la fille était consentante ?

Pendant longtemps j'ai excusé ma mère en disant que la pauvre était issue de l'assistance publique, qu'elle avait sans doute été abusée elle-même, qu'elle était dépressive, voire malade mentale, mais est-ce que tout cela doit l'excuser d'avoir ruiné la vie de ses trois enfants ? Ce qu'elle a commis ne peut que lui être imputé, et elle seule est responsable parce que, sur plus de 15 ans, elle a nécessairement eu la possibilité de réfléchir et voir l'horreur qu'elle nous faisait vivre à nous et aux autres enfants. Punissable, donc, et pas seulement à traiter en asile psychiatrique (d'ailleurs, l'asile ne lui a rien fait). Mais pas si anormale, car combien ont participé aux orgies ? Tous des gens très respectables, pères de famille et autres...

3 commentaires:

  1. Pfff ton histoire me tord les boyaux...

    Je suis comme Toi, je me pose les mêmes questions. C'est imcompréhensible. C'est comme si nous commettions des actes aussi monstrueux avec l'excuse que notre enfance à été désastreuse.
    Pour moi c'est inadmissible. Je sais ce que j'ai vécu mais même avant de m'en rappeler, je n'aurais jamais oser faire mal à une mouche.
    Je te dis cela et en même temps il y a quelques mois j'ai dit à mon oncle que je savais que sa vie n'avait pas été facile...C'est fou d'être encore dans la protection...Merci au conditionnement familial.
    Bref. Je reste persuadée que ces personnes n'ont AUCUNE sensibilité. Leur quotient émotionnel est inexistant. Et je pense qu'on peut avoir un QI de 150, si le QE est de 0, cela change nettement la donne de "l'intelligence".
    Ces gens n'ont pas d'émotions empathiques sauf pour eux même.
    Le jour où je lui ai parlé, mon oncle n'a pas paru fort embété pour moi, mais avait très clairement peur pour LUI. Et lorsqu'il m'a rappelé trois jours plus tard contraint et forçé par sa femme c'était toujours par peur pour SON couple et donc pour LUI.
    Et j'imagine que le jour ou il lui a pris de violer sa nièce de même pas deux ans c'est encore à SON plaisir qu'il a pensé et non pas à mon innocence. D'ailleurs, il l'a dit, je ne pensais pas que cela te ferait du mal. Non, ils ne pensent à rien, juste à eux. Et cela effectivement, n'a rien à voir avec une quelconque maladie mentale.

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  2. Je suis aussi en train de lire ce livre qui est vraiment passionnant. Les femmes étaient un mystère, elles sont devenues une énigme. Va être un homme aujourd'hui toi!
    Patrick, 50 ans.

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    1. @ Patrick
      Je suis troublée par tes deux dernières phrases. Peut-on réduire l'humanité à cela ?
      En quoi les femmes sont-elles plus mystérieuses ou énigmatiques que les hommes ? Etre une femme ou un homme a-t-il jamais été facile ?
      Tous les trois jours, une femme meurt sous les coups de son conjoint. L'homme, le mâle, peut-il être, de manière générale considéré comme un prédateur ? Sans parler de pédophilie, ne sont-ce pas les hommes qui violent ? Qui fait la guerre ?
      La violence dont les filles sont capables est en train d'apparaitre dans notre société des 20e et 21e siècles.
      On a envie de dire que l'humain est un loup pour l'humain. Mais les loups font-ils subir aux autres loups ou aux humains ce que certains humains font subir à d'autres humains ?
      J'ai l'impression que la capacité des humains à faire le mal dépasse de très loin toute animalité.
      La question que je me pose depuis très longtemps est la suivante : le développement du cerveau atteindra-t-il, un jour, un niveau où les humains pourront dominer leurs pulsions ?
      J'aimerais en discuter avec toi.
      Catherine, 53 ans.

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