Encore une fois, poème est beaucoup dire, mais voilà...
L'ENFANT DE LA MORT
Je suis l'enfant de la mort,
l'orphelin de l'éternelle.
Je suis l'enfant de la mort,
de l'hydre aux cent têtes.
De cauchemars me nourris,
de silence m'abreuve.
Je suis le fils de la mort,
de la dame blanche arpentant le pavé,
du soleil noir de l'oubli,
des amours dépravés des harpies.
La fatale m'a donné la vie,
d'un baiser l'a repris.
J'ai planté mon dard entre ses reins,
et là il est resté.
Des monstres horribles habitent mes nuits,
et des pensées obscures hantent mes jours.
Je me lève au pôle sud,
dans les ténèbres glacées de la peur.
Je me couche au pôle nord,
dans les neiges de l'ennui.
J'ai vu les sourires brisés
des galériens enivrés.
J'ai bu les lèvres évanescentes
d'un souvenir qui ne sait s'éteindre.
Ma bonne étoile est aux enfers
à trinquer avec le diable.
Les lèvres effleurées ont souillé ma bouche
de boue, de sang et d'ordure.
Je suis le fils de la mort,
amant de l'infinie,
le néant est mon antre,
l'insoupçonnée ma maîtresse.
L'épée au fourreau a blanchi,
les yeux se sont fermés,
le volcan s'est éteint,
tout est bien.
J'étais jeune encore, lorsque la mort m'a donné rendez-vous.
Pour ne pas que j'oublie,
elle a laissé dans mes entrailles
l'empreinte de son corps flasque.
Ses seins cent fois rongés
se sont reposés sur mon ventre blanc.
Ses reins affairés et épuisés
ont délivré leur charge de venin.
Je suis l'enfant jamais né,
le fils qui n'est jamais parti,
Pégase de cendres, je parcours l'enfer
et mes sabots de sang lèvent une poussière infecte.
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Cauchemar
Cent fleurs se sont fanées,
cent été se sont consommés,
un vautour plane là-haut,
réclamant les agapes qui lui sont dues.
Là, par terre, un corps étendu,
les jambes écartées, éviré,
me présente ses grâces -
et je mange.
Les convives attablés
rient de me voir souillé de sang,
à chaque bouchée,
un vers, dérangé, lève la tête.
Le sang noir sur mes lèvres
jette des reflets lugubres.
La nuit envahit mon regard
et étreint mon esprit.
Le voile de pureté
s'est évanoui.
Un linceul de boue
m'invite à me reposer.
Le soleil du désert
a blanchi mes os
et les lambeaux de chair
qui s'obstinent à rester
s'aggripent désespérément
à ce qui fut autrefois un coeur.
Lorsque l'antique me donna la mort,
je n'étais qu'un enfant.
Dans un lit blanc d'hôpital
je vis défiler mes ancêtres.
Fermant les yeux, j'ai voulu voir le jour.
en les ouvrant, je n'aperçus
qu'une robe déchirée.
Ai-je compris alors ?
Un cri de désespoir
s'efforça de faire fuir les ténèbres,
mais les légions cauchemardesques
sont arrivées au grand galop.
Couché dans les draps blancs,
j'ai couvert ma tête et,
depuis, je n'en suis plus sorti.
A quoi bon raconter la suite,
si l'histoire ne fait que se répéter ?
A quoi bon ?
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Je suis émue de te lire....
RépondreSupprimerJe t'embrasse affectueusement.
Cela donne une mesure, bien petite mesure, de ma souffrance alors. J'ai fait bien du chemin depuis. J'ai l'impression que le pire est souvent entre l'adolescence et la trentaine et que, pour ceux qui survivent, les choses commencent à se tasser, mais en se consolidant, entre la trentaine et la quarantaine.
RépondreSupprimerLa catégorie "Poème" me fait un peu honte ici, parce que je ne suis ni poète, ni littéraire. J'ai un esprit trop philosophico-logique pour cela, et je le regrette un peu. Mais il s'agit plutôt d'une forme d'écriture qui me permet de refléter des sentiments en créant un rythme calqué sur le rythme de ma respiration au fur et à mesure des mots qui me traversent l'esprit en l'éreintant un peu plus.
Voilà, je tenais à le préciser parce que je ressens pas mal de ce que j'écris comme particulièrement pédantesque alors que je voudrais être le plus simple du monde, ce qui n'est malheureusement pas le cas... Tout cela pour dire que je n'aime pas ce que j'écris, bien que je n'arrive pas à m'en détacher et que je n'aime pas ce que je suis, mais que je ne peux pas non plus m'en détacher sans m'arracher le visage - ce que j'aimerais bien faire parfois...
Oh Philippe...
RépondreSupprimerTu n'as pas à avoir honte de quoi que ce soit. Et tu n'as pas à te justifier.
Tu continues à te désaimer, pourtant tu es si riche, cela transpire à travers tous tes mots qu'ils soient philosophiques, poétiques...
Tu as raison, je crois aussi que cela se tasse plus entre la trentaine et la quarantaine. Tu es un survivant, tu n'as pas besoin de te faire plus de mal.
Fermes les yeux....Je t'embrasse doucement sur le visage.