mercredi 24 juin 2009

Suicide

Il est bon parfois de parler de mort. Cela fait parfois du bien de souhaiter mourir, comme la possibilité ultime d'un repos qui nous tire enfin du cauchemar.

Bien entendu, on ne se suicide pas. Alors, bien qu'agréable, n'est-il pas futile de parler de la mort: est-ce que ce n'est pas se distraire de la lutte au quotidien ?

Peut-être, mais si l'idée de mort est présente, autant l'exprimer, autant la cajoler pour la garder tranquille dans son coin. Le jour où on arrêterait d'en parler, qui sait quel dégât elle pourrait faire ?

Tout ce que je veux, c'est qu'on me laisse tranquille, que mes frayeurs me laissent tranquilles, que ma honte me laisse tranquille, quitte à satisfaire ma quête du grand vide un jour, losque ceux qui dépendent de moi n'auront plus besoin de moi.

Il est bon parfois de parler de mort. Cela fait parfois du bien de souhaiter mourir, comme la possibilité ultime d'un repos qui nous tire enfin du cauchemar.

La mort, l'idée qui vous tient un pied dans la tombe, qui donne un goût de pourriture à chacune de vos pensées, qui joue la sirène à chaque tournant de votre vie.

La mort, celle qui fait que vous n'êtes déjà plus présent au monde avant même d'être enterré, celle qui vous fait traverser la vie comme un fantôme sans substance - présence évanescente symbolisant mon inessentialité de base, négation de la chair, purificatrice du sexe et de l'ignoble, l'horreur dépassant l'horreur originelle et, par là, plongeant celle-ci dans l'oubli pour un instant, mais un instant seulement, à moins de franchir le pas.

La mort, l'outil indispensable de survie pour le grand rescapé imaginaire et pour celui qui veut se laver des tares intrinsèques de sa propre personne. La mort, en somme.

3 commentaires:

  1. oui il faut mieux en parler
    je te promets pourtant que l'apaisement peut venir même dans la vie - je te le promets- et aussi difficile qu'ait pu être le passé.
    peu à peu par des mots on arrive à séparer soi de ce qu'on a vécu.
    justement les mots t'aideront puisque tu les aimes et en maniant d'autres mots en philo ou en psycho peu à peu ils feront comme une distenciation avec le passé.
    ce que tu ressens de toi- de ce que tu es- n'est pas ce que les autres percoivent de toi. Pas du tout.
    ceux qui dépendent de toi actuellement auront toujours besoin de toi. tes enfants auront toujours besoin d'un père et en plus tu es un très bon père.

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  2. Les mots ne m'aident pas, mais ils me fascinent et ont leur propre vie à travers moi. Jamais je n'écrirai ou ne publierai parce que cela est au-dessus de mes forces, mais les mots représentent pour moi un miroir dans lequel je me découvre parfois avec étonnement. Il s'agit d'un jeu solitaire, égoïste, et non d'une volonté de communication. Je suis fait pour me taire, non pas pour exprimer quelque chose de moi aux autres. Si je le fais, ce n'est qu'à travers le subterfuge futile de ce jeu avec les mots, un jeu qui ne mène à rien, faussement sérieux et faussement ludique, un symbole de mon inconsistance qui ne peut pas satisfaire un lecteur étranger: au contraire, tout est fait pour l'agacer dans ce discours sans queue ni tête qui ne mène nulle part: aucun point d'origine, aucune destination, pas de voyage - juste les aléas d'un parcours de fourmi en quête d'un millimètre d'espace vital pour pouvoir mourir en paix. L'absurde.

    Ce que les autres perçoivent de moi, je m'en suis détaché il y a longtemps: trop longtemps j'ai été la risée de tous, une sorte de clown malgré lui, sans vie intérieure. J'ai laissé que les uns et les autres puissent trouver en moi ce qu'ils cherchaient pour mieux leur échapper, mais je me suis perdu chemin faisant. Ce que les autres perçoivent de moi m'est étranger, mais seule compte la faiblesse ridicule que je perçois en moi, l'innocence objectifiée, abjectifiée, dont on peut jouir à plaisance, le réceptacle des saletés des autres, des humeurs viscérales des passants attablés.

    Je sais que ce que j'écris là n'a ni suite, ni cohérence: mais je veux le présenter tel quel, puisque c'est bien l'état de ma pensée. Si les mots doivent refléter ma vie intérieure, je ne peux donc pas les masquer d'un fard correcteur qui polirait les mauvaises tournures, les défauts de pensée. C'est ainsi que je pourrais me revoir à distance de mois ou d'années, comme un instantané peu flatteur.

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  3. Des pensées affectueuses...
    Si les mots ne t'aident pas, j'espère que tu trouve de l'aide par d'autres moyens.

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