C'est le silence, le grand silence... Le silence du passé qui ne revient pas, le silence du présent qui ne veut pas s'ouvrir, le silence de l'avenir qui reste clos et indécis.
La vie en suspens depuis des décennies, des résolutions qui sont là, mais ne se prennent pas, des accusations lancées par d'autres, mais non reprises, non assimilées, parce que non vécues.
Des choses ont été dites, ont traversé les rouages bloqués de mon cerveau, ont été traitées avec toute la finesse d'un intellect noyé d'abstractions, mais la chair et le sang n'ont rien saisi, rien repris, rien entendu. La chair et le sang meurtris, restent derrière les meurtrières d'une forteresse imprenable, la forteresse vide.
Un viol, des viols... Non, rien. Une histoire banale d'amour filial.
C'est le silence, le grand silence du déni qui a honte de lui-même et ne se dit pas. Se clame, mais ne se reconnaît pas.
La honte et la lâcheté comme raison de vivre: le comble de la salissure.
L'enfant peut crier - puisqu'il crie - le silence enveloppe tout de son aile d'oubli. C'est la fin des cauchemars, la poursuite du cauchemar originel.
Rien ne s'est passé, rien ne s'est jamais passé. Je peux parler des faits supposés, mais je n'y crois pas, je n'y crois plus, parce que je ne vois pas le reflet de l'horreur dans les yeux des autres. Indifférence compassée, révolte indignée, colère et dégoût, mais pas l'horreur.
Je ne vois l'horreur nulle part, donc elle n'existe pas. Le faible tremblement intérieur qui la présage ne trouve d'amplification nulle part et n'ose élever la voix de peur d'écraser des montagnes imaginaires. C'est l'histoire de la fameuse souris issue d'un cataclysme bien peu productif.
Je retourne à mes carottes, peu à peu, un peu plus fatigué, sans avouer ma chute ; en attendant la mort patiemment.
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c'est dificile de vivre avec tous ces niveaux : le passé ( l'horreur réelle et les mécanismes pour survivre à cette horreur)qui est mélangé au présent.l'horreur est celle du passé ancrée dans l'esprit et la souffrance mais c'est l'horreur du passé. elle est ancienne et souvent impensable à l'esprit humain. Ce sont ces niveaux différents : la blessure bien là mais ancienne et qui revient en boucle combinée avec le présent et le quotidien : le doute devient torturant mais ce qui est torturant- à mon avis- sont les blessures du passé. je ne sais pas si je suis très limpide mais je ressens cela en lisant ce que tu as écrit.
RépondreSupprimerVolonté de ne pas croire par absence de ressentis: comment croire quand le sentiment de réalité n'est pas au rendez-vous ? Pourquoi attendre l'horreur dans le regard des autres alors que cette horreur devrait être en soi-même ? A vivre dans l'imaginaire, on s'y perd. Est-ce que l'enfant s'est créé un imaginaire en excluant la souffrance, ou est-ce que l'adulte a imaginé la souffrance ? Qui peut dire ? Pourquoi est-ce que j'inventerais tout cela ? Mais pourquoi pas ? Trop de questions, trop de réponses...
RépondreSupprimerbon ! une petite réponse quand même !
RépondreSupprimer"pourquoi attendre l'horreur dans le regard des autres alors que cette horreur devrait être en soi-même"
je ne suis pas sûre que l'enfant qui a vécu l'horreur soit capable de voir l'horreur dans le regard des autres puisque ce sont ces mêmes autres qui lui ont fait subir l'horreur.
puisqu'il était seul dans un monde perverti à ressentir l'horreur et parfois seul contre tous- ca n'était pas facile dans ce monde-là de faire confiance à son ressenti.
refaire confiance aux images et ressentis du passé -à la limite sans se poser trop de questions -"accepter ce qui vient" sans tenter de le mettre en doute immédiatement.
le monde imaginaire était un moyen de survie.
Bien entendu, c'est un début de réponse tout à fait rationnel, mais comment coller au rationnel. Il y a quelque chose d'antithétique entre la croyance d'une part, et le rationnel d'autre part: croire est un ressenti, la rationnalité est du domaine de la logique. Ce que je veux dire c'est que, dans des domaines aussi sensibles que les vécus et les ressentis, il est justement difficile de "croire" en quoi que ce soit, et surtout en tout ce qui est rationnel: donc, ce que la raison dicte est presque systématiquement écarté parce que le coeur ne vibre pas. Pour conclure, après avoir lu pleins de livres, écouté pleins de gens très instruits et ainsi de suite, je n'en suis pas plus avancé. Il me faudrait ne serait-ce que l'amorce d'un souvenir réellement ressenti comme "souvenir" pour pouvoir commencer à ajouter foi à tous les autres arguments rationnels.
RépondreSupprimerc'est compliqué ce que tu soulèves là !
RépondreSupprimeret comme j'imagine que tu as bloqué tes ressentis dans le passé et qu'ils sont très bloqués par mesure de protection ca devient une impasse puisque si j'ai bien compris pour croire dans ton passé il te faudrait le ressentir.
alors moi je te dis : tente l'emdr car justement c'est ce qu'on essaye de faire en emdr : retrouver les ressentis et les images aussi.
et comme- si c'est bien fait - on va pas à pas et on ne se ressent pas agressé il se peut que par ce biais justement tu parviennes à admettre ce que tu sais sans le ressentir comme souvenir.
essaye -je pense que ca peut te convenir.
moi ca me convient. même si c'est long - mais parfois ca va vite ca dépend de la personne.