dimanche 10 janvier 2010

Pourquoi ?

Pourquoi on ne m'a pas tué.

Rien d'autre ce soir.

J'aimerais être mort, qu'on m'ait tué après m'avoir usé.

10 commentaires:

  1. j'ai lu cette nuit ce que tu as écris
    évidemment je ne sais que dire
    parfois on se sent impuissant soi-même devant la violence du désespoir
    personnellement mon système c'est de dormir

    c'est une chance que j'ai.

    il y a cet enfant en toi qui voudrait être mort; cet enfant qui vit l'horreur.
    cet enfant crie en toi tout son désespoir et se sent impuissant.

    l'adulte en toi peut prendre soin de cet enfant, cet enfant a eu une force incroyable,a pu s'extraire de l'horreur, fonder une famille, faire des études, réfléchir, l'adulte en toi peut être fier de cet enfant qui a survécu à un tel chaos.

    c'est ca que je peux dire en te lisant.
    je sais qu'on n'aime pas cet enfant et c'est pour ca qu'on a du mal avec lui.
    pourtant c'était juste un enfant.

    mais l'enfant a cru que c'est lui qui était sale.
    le chemin c'est la révolte et ne pas intégrer ce qu'on lui a fait croire.

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  2. Comment te répondre. Ce que je ressens n'est même plus triste, au-delà du désespoir, seulement la pensée calme qu'on a fait une erreur en me gardant vivant, la tranquille conviction que je ne devrais pas être là aujourd'hui, rien de pkus. Pas même l'envie d'en finir parce que même la mort n'a pas de sens. Et puis, il y a les enfants. Ma compagne est adulte et pourrait refaire sa vie seule ou avec quelqu'un d'autre. Ce ne serait pas facile, mais rien comparé à mes enfants qui perdraient un père - et je me suis efforcé de ne pas être le père que moi-même j'ai eu, absent physiquement et affectivement ne sachant même pas ce que ses enfants vivaient. Je me suis efforcé d'être un père normal, en somme.

    En finir, donc, n'aurait non seulement aucun sens, mais cela ferait mal à mes enfants. Je peux jouer avec ma vie, et je me suis retrouvé une fois aux urgences, mais je ne suis pas vraiment un cas inquiétant, juste queulqu'un mal dans sa peau parce qu'il hait cette peau qui l'enveloppe et tous les désirs et besoins que cette enveloppe charnelle implique effectivement.

    Mais je sais que, pour beaucoup, cette position n'est rien d'autre qu'une forme dissimulée de complaisance dans son propre état, et peut-être ont-ils raison. Est-ce que tout cela valait d'ailleurs que je l'écrive ?

    C'est bien là l'objet même de ce blog: écrire ce qui me passe par la tête, même le plus futile, le plus insensé, le plus fantasmatique. Cerner ainsi ce qui peut paraître une réalité seconde en essayant de ne pas céder à l'auto-complaisance, quoiqu'en dise certains.

    Hier donc, je souhaitais ne pas être vivant. D'ailleurs, c'est un souhait toujours présent en arrière-plan, selon l'humeur du jour, un peu plus un peu moins. Rien qu'un vain souhait qui peut m'amener à prendre un comprimé de plus quelquefois, voir davantage, mais sans grande conséquence. D'ailleurs, est-ce que ce que je fais a jamais eu de conséquences: là aussi, mon existence est bien vide.

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  3. Lire ton texte Philippe, à haute voix, à mon compagnon. Qu'est-ce qui fait qu'on est comme ça ? Ce matin j'ai eu les résultats du DCL – diplôme de compétences en langue anglaise, que j'ai passé en décembre : niveau 3/5 et les larmes et l'envie de ma balancer. Je suis une râtée. Mais enfin réfléchi, tu l'as : 25 l'on eu sur plus de 100 candidats. Et comme toi : tu as la compagne et les enfants, mais il y a aussi rien du tout. J'essaye en psy de trouver quoi et ça ne passe pas. En tous les cas, c'est un grand moment de bonheur de t'écrire. Et si les blogs avaient de grandes conséquences ?

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  4. Rien à dire....
    Juste, comme je te comprends frère de coeur....
    on va y arriver. Je ne sais pas quand ni comment. Mais c'est possible. Et aujourd'hui, j'y crois un peu.
    Je te prends dans mes bras.

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  5. Et des kilos de fautes d'orthographe quand je vous laisse un billet. Quelle horreur pour me punir. D'habitude je me flanque par terre dans la rue, comme ça, toute seule : je ne peux plus me sup-porter.
    • l'envie de me balancer
    • réfléchis
    • 25 l'ont eu
    Ce matin, pour nous remonter le moral, je vais mettre en ligne les dialogues révélateurs de Milénium sur http://viols-par-inceste.blogspot.com/
    Et si c'était parce qu'on nous a non seulement répété qu'on est nul, mais en plus on nous l'a démontré en nous inculquant que notre vie n'est rien et n'a aucun intérêt ?
    Pourquoi n'arrivons-nous par à nous l'ôter de la tête ?

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  6. @ auteur anonyme: pfff je ne sais pas.
    Mais je vous prends aussi dans mes bras.

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  7. C'est gentil. J'aime bien vos écrits sur votre blog Nath. J'ai quand même envie de vous dire une chose. Il a reconnu les faits, vous avez pu parler avec lui et malgré tout vous êtes aussi mal que nous. Que pourrait-on faire ?
    J'ai beaucoup milité et j'ai noté que les personnes qui avaient porté plainte n'allaient pas forcément mieux. Elles étaient seulement sûre de n'avoir pas déliré.
    Je voudrais tellement trouver, pour moi et pour les autres, je pense que ce serait la meilleure aide.
    En attendant notre sensibilité à fleur de peau nous permet d'écrire de chouettes trucs.
    C'est beau.

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  8. ce que tu dis , philippe, sur l'au-delà du désespoir, je le ressens aussi. oui ca n'est même pas triste. Ca serait un peu comme si rien n'avait d'importance. ce qui fait que c'est dur aussi de se raccrocher aux joies. c'est un peu comme une autre dimension.
    aussi comment faire quand il n'y a pas eu d'avant? il faut inventer les joies ?
    sur le principe, la thérapie que je fais en ce moment est logique : la source des idées négatives.
    car ca vient de très loin.
    je retourne aux pensées, juste les pensées qui m'ont constituées, mes pensées négatives, et il y a "tout est vain, rien ne sert à rien, personne ne peut m'aimer, je ne veux pas être là..." le terreau de ce que je suis même si je fais semblant.
    tout n'est pas encore compris et étudié dans l'inceste. ca fait peu de temps qu'on en parle.
    alors que ca a toujours existé.
    plus on s'exprimera, plus on parlera, plus on arrivera à une compréhension et peut-être une aide possible. changer les mentalités.
    encore beaucoup ne comprennent pas vraiment; c'est comme abstrait.
    impuissance aussi à aller bien! dépression qui joue aussi, impression de ne pas compter, être blessé souvent.Devoir fonctionner malgré tout,prendre le train en marche de la vie...

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  9. Retourner à l'origine des pensées (des schémas cognitifs qui nous permettent de réfléchir sur nous-mêmes), ce n'est pas retourner sur d'autres pensées : plus que tout, c'est retourner sur des sensations, sur le terreau sur lequel la confusion des cognitions naissantes a cru pour créer des "moi" potentiels. C'est aussi retourner, au-delà de moi, vers les projections de l'autre, l'incestueur ou les pédophiles qui nous ont objectifiés, transformés en objets de leur plaisir, comme si telle était notre vocation dès notre naissance. Notre honte, c'est une façon de vivre cette projection, de se soumettre à cette projection de l'autre en nous: c'est introjecter l'autre en nous pour être ce que maman/papa/l'adulte voulait de nous. Parfois, la soumission à la volonté de l'autre en vient à devenir source de plaisir - autre forme de déni absolu.

    Ce que tu appelles les pensées négatives ne sont pas tes pensées, mais les pensées de l'autre faites tiennes par projection / introjection: ton existence est définie par l'autre et tu n'existes pas sans l'autre. Il m'est arrivé de dire à ma compagne: "si un tel devait entrer aujourd'hui chez moi, je me mettrai à genou comme avant pour lui donner du plaisir, sans même penser." Combien il a dû être dur pour ma compagne d'entendre cela. Est-ce que c'était moi qui parlait ? C'est ce qu'on a fait de moi. Ces pensées négatives, c'est ce que ceux qui t'ont "éduquée" ont fait de toi avant même que tu puisses te définir toi même, te modeler toi-même. Tous tes "moi" potentiels se sont retrouvés entre parenthèses, dans un espace de non existence, et un grand nombre de ces potentialités sont sans doute restés à l'état infantile.

    Pour finir, je crois qu'il vaut mieux laisser de côté nos pensées pour s'attacher à nos sensations et affronter celles-ci au lieu de les fuir. Cela veut dire affronter jusqu'à ces moments de panique au niveau des sensations, se laisser envahir tout en cherchant un point d'ancrage dans la réalité - un enfant à proximité, un bâtiment, quelque chose de concret.

    Bon sang, pas facile...

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  10. oui c'est bien ca! : retourner aux projections de l'autre ! me rendre compte de ça aussi: que ces projections sont encore là et dirigent encore ma vie. le but de tout ca est d'arriver au positif après avoir été au maximum du négatif (on en est là!), à la dernière séance j'ai sorti le mot honte alors que je ne la ressens pas consciemment.
    Peut-être que quand un mot sort ca finit par provoquer justement un autre regard et une autre compréhension des sensations justement?

    pour ce que tu as dit à ta compagne moi je trouve que c'est une très belle preuve de confiance de pouvoir le dire, bien sûr que c'est dur à entendre pour elle, aussi et surtout car ca montre l'horreur de ce que tu as vécu. c'était l'enfant traumatisé qui parlait, toi contraint, je sais que c'est dur à entendre mais c'est bien que tu arrives à te sentir assez en confiance pour le dire et c'est tout à l'honneur de ta compagne qui a su créer se climat (et tout le monde ne le peut pas )

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