mercredi 29 février 2012

Hommes victimes de viol: campagne choc pour les Six Nations

L'association Survivors UK lance une grande campagne de sensibilisation invitant les hommes victimes de viol à parler à l'occasion du tournoi des Six Nations. C'est la première campagne de cette envergure dans ce pays. En France, le viol des hommes reste un tabou et il n'existe aucune association leur venant spécifiquement en aide.
C'est une campagne de pub comme les britanniques en ont le secret. Frappante et sans détour, placardée grand format dans les rues de Londres. Elle a fait son apparition dans le métro la semaine dernière, pour coïncider avec le début du tournoi de rugby des Six nations.

Les supporters n'ont pas pu l'ignorer, affichée sur deux panneaux géants à Clapham Junction et sur un immense écran publicitaire à Waterloo station - deux passages obligés vers le stade de Twickenham où se jouent les matchs à domicile de l'équipe anglaise de rugby. L'image qui devait particulièrement retenir leur attention représente un ballon de rugby percé d'un clou, au dessus duquel on peut lire:

« Les vrais hommes se font violer... et en parler demande une vraie force. »

Clichés et préjugés

Avec cette campagne, l’association Survivors UK, qui vient en aide aux hommes victimes d’agressions sexuelles a choisi de s’attaquer à deux tabous: celui du viol et celui de l’homosexualité. Car les hommes abusés sexuellement ne le sont presque jamais par des femmes, mais bien par des hommes - hétérosexuels dans leur grande majorité.

“La question de l'homosexualité est centrale quand on parle du viol des hommes” pour Michael May, responsable de la petite structure associative. “Les hommes sont censés être forts et capables de se défendre par leurs propres moyens. Lorsqu’ils sont victimes d'un viol, ils se sentent humiliés et ont peur d’être "pris pour des homosexuels". C’est aussi pour ça que les victimes masculines parlent moins.”

En visant particulièrement les fans de rugby et en jouant sur des mécanismes homophobes, l’association n’a pas hésité à user d'un cliché contestable pour appuyer sa critique de certains préjugés. Michael May revendique même ce parti pris, qui n'a rien de paradoxal à ses yeux:

« On voulait une campagne sans détours, et l'image virile du rugby correspondait bien à notre volonté de combattre les présupposés sur l’identité des hommes victimes de viol. Un joueur de rugby de 90 kg peut se faire violer, comme un banquier ou un chef de gang.”

Michael May insiste: il est faux de penser que les homosexuels sont plus victimes d’abus que les hétérosexuels. Même s’il est vrai que débarrassés des clichés hétéro-normés, ceux-ci hésitent moins à porter plainte.

Un phénomène difficile à quantifier

Cette campagne fait suite à une étude récente de la Metropolitan police - la police londonienne - qui révèle qu'à Londres, un homme est victime d'une agression sexuelle toutes les heures en moyenne. Par ailleurs, seules 11 % des victimes finissent par déposer une plainte, selon le gouvernement britannique. Michael May estime donc qu’il y aurait eu 8 500 hommes victimes d'agressions sexuelles à Londres entre 2009 et 2010 - loin des 945 plaintes enregistrées par la police sur cette même période.

Difficile pourtant de se faire une idée précise du nombre réel d’agressions, car si le phénomène est fréquent, il est généralement tu. Or, les témoignages constituent l’unique source dont disposent les chercheurs pour évaluer la proportion de personnes ayant été victimes d’agressions sexuelles au cours de leur vie.

Dans une étude sur les violences sexuelles en France, publiée en 2008, les chercheurs Michel Bozon et Nathalie Bajos (également auteurs de Contexte de la sexualité en France) indiquent pour leur part que 16% des femmes et 5 % des hommes déclarent avoir subi des rapports forcés ou des tentatives de rapports forcés au cours de leur vie. Pour la très grande majorité des hommes, lorsqu’ils étaient enfants ou adolescents.

Pas d’écoute spécifique en France

Une seule certitude: les hommes ont beaucoup plus de mal que les femmes à aborder la question. Selon la même étude, seuls 0,6% des hommes portent plainte, contre 4% des femmes. Cette disparité est accentuée par “le manque d’information, qui s’accompagne d’une absence de mobilisation sociale sur ce thème en France”, selon Michel Bozon.

Et les faits parlent d’eux-même: alors qu’en Grande Bretagne, on dénombre cinq associations qui prennent spécifiquement en charge les hommes ayant été victimes d’abus sexuels, en France, il n’en existe aucune.

Pourtant, “c’est quand il y a des structures de soutien adaptées et légitimes que des catégories se révèlent”, ainsi que le souligne une responsable du Collectif féministe contre le viol (CFCV), la principale association d’aide aux victimes d’abus sexuels en France. Depuis 1986, ses bénévoles reçoivent chaque année de nombreux témoignages d’hommes. “Ceux-ci représentent de 10 à 15% des appels”, indique-t-on à l’association.

Beaucoup de ces victimes ont été redirigées vers cette ligne après s’être adressé à des associations de lutte contre l’homophobie ou d’information sur le Sida. La responsable interrogée salue l’initiative britannique, avec mesure:

“Ça fait des années que nous pensons que les hommes devraient s’organiser sur le sujet. Nous, nous sommes un collectif de femmes qui viennent en aide aux femmes. C’est un énorme travail, et nous ne pouvons pas traiter spécifiquement les témoignages masculins.”

Elle poursuit avec une pointe d’ironie lasse dans la voix : “Mais il faut relativiser les choses: les femmes victimes de viols sont tellement plus nombreuses ! Et là aussi, on n’en est qu’au tout début de la prise de conscience. ”

Liza Fabbian

8 commentaires:

  1. Toujours le même problème :

    Une victime féminine vaut (tellement ?) plus qu'une victime masculine !

    Le dernier paragraphe est de trop pour un article qui tente de briser les tabous du viol masculine. Je ne sais pas trop où veut en venir cette journaliste.

    J'ajouterai même qu'il sera plus facile d'approcher le chiffre des victimes masculines de viols ou de violence conjugale parce que eux ne voient leurs chiffres de victimes gonflés artificiellement pour des raisons politiques.

    Il faut rajouter ce que vous aviez vous même remarquez : un homme reproduis sa violence donc coupable par structure et une femme reproduis sa victimisation antérieure. Là aussi il y a du boulot à faire.

    Selon la présidente, Isabelle Aubry, de l'association internationale des victimes de l'inceste, il restera très difficile de faire parler les hommes victimes tant qu'ils ne seront pas reconnus

    Tant que le monde restera dans cette binarité de victime et de quantité, rien n'avancera pour nous. On ne doit relativiser rien. Une victime reste une victime, il faut l'aider.

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  2. Je comprends votre réaction à ce dernier paragraphe, mais il faut remettre les choses à leur place. La responsable de cette association avoue somme que son association ne peut s'occuper de tout le monde et, sans nier l'existence des victimes masculines, elle pense que son association ne peut pas s'occuper de tout le monde. Quant à la "pointe d'ironie", je laisserais le bénéfice du doute: c'est peut-être une interprétation un peu rapide de l'auteur de l'article. Enfin, je ne crois pas qu'il vaille le coup de nier que la majorité des agresseurs sont masculins et la majorité des victimes sont des femmes. Je en sais plus quelle étude au Canada ou aux Etats-Unis expliquait qu'il y avait bien inégalité devant les violences sexuelles, mais que cette inégalité tendait à disparaître plus l'âge de la victime se réduisait. À moins de dix, la disparité entre filles et garçons tend à disparaître, et elle est carrément inversée pour les violences physiques. PPar contre, j'ai lu ailleurs que la résilience tendait à être moindre chez les garçons que chez les filles avant l'âge de dix, puis la tendance s'inversait après cela. Autrement dit, un petit garçon a à peu près autant de chance de se faire agresser qu'une petite fille et il aura plus de difficulté à s'en remettre, sans compter par ailleurs l'influence des préjugés sociaux qu'au rôle et à la posture à assumer par l'homme par contraste avec la femme.

    par contre, je ne me souviens pas avoir dit que l'homme reproduisait la violence subie, mais il est clair que c'est une crainte qui a souvent été nourrie à l'encontre des hommes. Par contre, j'aurais effectivement tendance à penser que le rôle attribué aux femmes a tendance à renforcer la tendance à la victimisation. Il y a une suspicion à l'encontre d'un homme qui dit avoir subi des violences qui n'existe pas pour la femme, d'autant plus que cet argument est souvent repris par des hommes effectivement jugés pour agressions sexuelles, dans l'espoir de quelque circonstance atténuante.

    je connais bien Isabelle Aubry et je lui suis reconnaissant de mettre tant l'accent sur les victimes masculines. Ceci dit, il y a chez elle et dans son association une tendance à alimenter un certain victimisme qui a fait que je me suis un peu éloigné de l'association. Après tout, je ne veux pas me définir comme une "victime" avant tout. Par ailleurs, au sein même d'AIVI, j'ai eu affaire à des intervenantes sur les forums qui en avait clairement contre les hommes et, à un moment de particulière faiblesse, je n'ai trouvé personne pour me soutenir, de sorte que j'ai quitté le forum pour mon propre bien.

    Je ne pense pas qu'il faille s'offusquer pour ette remarque que vous relevez, mais vous faites très bien de la relever tout de même. Pour moi aussi, je ressens comme un léger pincement au coeur, mais cette personne du CFVC dit également que les hommes devraient s'organiser entre eux, et c'est bien ce que nous ne faisons pas. Je ne crois pas que nous devons attendre que cela nous vienne d'en haut, comme le suggère I. Aubry avec la nécessité d'une quelconque reconnaissance (par quelle entité ? par quelle autorité ?). C'est à nous-même avant tout de nous reconnaître, n'est-ce pas ? D'ailleurs, pour avoir pas mal fréquenté les forums en ligne passé un temps, je dois dire que j'aurais souhaité avoir plus souvent l'occasion d'échanger avec des hommes qui percevraient peut-être mieux certaines de mes interrogations (certaines seulement), mais il faut bien avouer que les hommes ne parlent pas beaucoup. Je ne pense pas que les victimes d'un sexe souffre plus que celles de l'autre ou qu'elles sont foncièrement différentes, mais seulement que, la société donnant à chacun des rôles et ayant des attentes particulières, il y a des spécificités qui se créent dans nos vécus par la seule raison de ces faits culturels.

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  3. Bonjour Philippe,

    Je trouve que ce type de veille sur les petites phrases est à faire. Il y a pour le moment pas de structure et d'association d'homme pour les hommes victimes (l'association SOS Hommes Battus a été créée par une femme). Il y a bien un SOS Hommes Victimes mais j'ai pu eu de contact poussé avec eux.

    Former de telles structures c'est aussi s'assurer qu'il n'y aura pas de traitement différentiel y compris dans la facon dont une victime homme ou femme est percu. C'est vraiment cette petite phrase à la fin de l'article (et c'est toujours les fins qui laisse l'impression) qui m'a paru bizarre. Formulée dans le corps du texte légèrement différente, je ne m'y serais pas arrété.

    Dans les chiffres, nous ne pouvons que constater la contribution élevée des hommes dans les crimes sexuels dont acte.

    Néanmoins, il faut aussi faire attention à ne pas se faire brûler en procès d'intention à propos d'une négation comme ca arrive trop souvent lorsqu'on parle des victimes spécifiquements masculines.

    Nous devons composer avec des éléments contradictoire et le regard parfois hostile ou hilare de la société. C'est peut être pour ca que les choses mettent du temps à émerger.

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  4. Il est important de rester attentif, certes, mais nous devons aussi prendre garde à ne pas nous laisser prendre par l'irritation face à ces petites remarques. Celles-ci reflètent une réalité complexe (surreprésentation des hommes parmi les auteurs, sous-représentation parmi les victimes, attentes à l'égard du sexe masculin dans une culture machiste dont même les hommes souffrent, différences d'objectifs pour les mouvements pour les femmes qui reposent également sur une composante féministe, et à juste titre, et ainsi de suite).

    Les dynamiques qui ont permis aux femmes de faire reconnaître la vicimisation de leur sexe ne peuvent pas s'appliquer aux hommes qui, en sus donc des préjugés habituels, doit s'inventer une dynamique propre qui expose sa problématique tant à des victimes en déni qu'à une culture en déni. Et pourtant, un viol est un viol, que ce soit pour une femme ou pour un homme.

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  5. J'entends et je compatis mais je ne l' ai pas ressenti ainsi, on m' a fait comprendre qu une femme même très jeune est forcément dans la séduction et que quelque part, j' étais consentante, j' ai l' impression que c' est le statut de victime qui dérange tous sexes confondus.

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  6. Vous avez peut-être raison: c'est quelque chose qui reste très présent, mais le "politically correct" a moins de problème avec le statut de victime pour une femme que pour un homme. Peut-être faut-il ajouter à cela les dynamiques propres à chaque relation sexuelle: le rapport type est le rapport homme - femme: le statut de victime est moins problématique quand le perpétrateur est un homme et la victime est une femme. Ce qui pose problèmme pour la victime masculine, c'est son devenir une fois adulte: en tant qu'homme, il est difficile de continuer à se définir comme victime, d'autant qu'à cela s'ajoute la gêne du type de rapport que cela implique, à savoir l'homosexualité. Lorsque l'agresseur est une femme, par contre, cela devient plus difficile; on est dans le domaine de la folie, à moins qu'on ne cherche un homme qui tirerait les ficelles par derrière. Mais un homme qui serait victime d'une femme est incompréhensible, et plus encore si cette femme est la mère.

    En gros, chaque sexe est lié à quelques idées clés sur sce qui peut être considéré comme son essence, et il est vrai que la séduction de la femme est un argument qui revient régulièrement, même malgré l'âge: mais c'est là que des progrès ont été faits et coontinuent d'être faits. Ce n'est pas le cas pour les hommes parce que la victime masculine doit "encaisser" comme un homme et se taire, et elle se tait en général justement parce que c'est la sexualité de la victime-homme qui est remise en cause - sexualité perçu comme nécessairement excluant le statut de victime.

    Enfin, il faudrait fare toute une étude à ce sujet en piochant dans la litérature, en faisant des questionnaires ciblés, etc.

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  7. Venez raconter votre Vérité sur : http://www.maveritesur.com/

    N’’hésitez pas et venez faire entendre votre (vos) vérité(s) sur maveritesur.com.

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