lundi 25 octobre 2010

LISTE DES CONSEQUENCES DE L'INCESTE

LE SYNDROME POST-INCESTE CHEZ LES FEMMES ET LES HOMMES

LISTE DES CONSEQUENCES DE L'INCESTE CHEZ LES SURVIVANTS


Je publie ce texte une deuxième fois, les commentaires étant si nombreux, semble-t-il, qu'ils ne s'affichent plus).

par E. Sue Blume, C.S.W., Diplomate in Clinical Social Work, auteure de deux livres : Secret Survivors: Uncovering Incest and Its After-effects in Women et You're Still.


L'inceste constitue une violation tellement traumatisante que souvent les victimes oublient que cela leur est arrivé. Mais les cicatrices émotionnelles sont bien présentes, même si elles paraissent déroutantes à cause de leur manque de signification apparente. Les problèmes continuels dans les relations, la sexualité, la confiance, le contact physique, les dépendances, la dépression et la culpabilité peuvent, quand leur cause est inconnue, donner le sentiment de devenir fou et de perdre le contrôle de soi-même. Cette liste peut être utilisée pour aider l'adulte survivant à s'identifier en tant que victime d'inceste, pour qu'il sache qu'il existe bien des raisons aux difficultés qu'il éprouve, et qu'en fait, ces "problèmes" sont un moyen de contourner une douleur insoutenable.

L'inceste, la forme la plus commune d'abus sexuel sur un enfant, est avant tout un abus sur un enfant, un abus des limites personnelles et sexuelles de l'enfant par une personne de confiance censée prendre soin de lui. L'inceste est toute utilisation d'un enfant mineur pour satisfaire des besoins sexuels et/ou émotionnels d'une ou plusieurs personnes dont l'autorité s'appuie sur des liens affectifs avec l'enfant. Il faut noter que l'inceste est un abus qui se retrouve dans une relation de pouvoir et pas forcément uniquement dans les liens du sang : c'est la violation de la confiance qui entraîne les plus gros dommages chez l'enfant.

1. La peur de se retrouver seul dans le noir, de dormir seul; les cauchemars, les peurs nocturnes (surtout la poursuite, la menace et l'enlèvement);

2. Ne pas exprimer sa sensibilité; la peur de l'eau sur le visage durant le bain ou en nageant (sentiment de suffocation);

3. Aliénation à l'intérieur de son propre corps; incapacité à prendre en compte les signaux de son corps ou bien d'en prendre soin; mauvaise image de son corps; prise ou perte de poids pour éviter d'attirer l'attention sexuelle;

4. Problèmes gastro-intestinaux; problèmes génitaux (dont les infections vaginales spontanées); maux de tête, arthrite ou douleur aux articulations;

5. Porter de nombreux vêtements, y compris en été; porter des vêtements larges; incapacité à se dévêtir dans les situations appropriées (pour nager, pour se baigner, pour dormir); contraintes très importantes pour l'intimité dans la salle de bains.

6. Désordres alimentaires, abus de drogue ou d'alcool (ou abstinence totale); autres dépendances; comportements compulsifs;

7. Automutilation; blessures auto-infligées;

8. Phobies;

9. Besoin d'être invisible; perfectionnisme;

10. Pensées suicidaires; tentatives de suicides; obsession du suicide;

11. Dépression (parfois paralysante); pleurer sans raison apparente;

12. Problème de colère; incapacité de reconnaître, d'admettre et d'exprimer sa propre colère; peur d'une colère réelle ou imaginaire; constamment en colère; très grande hostilité à l'égard de toute personne du sexe ou de l'ethnie de l'agresseur;

13. Dépersonnalisation; faire des malaises, des crises dans des situations stressantes; être toujours en crise; insensibilité psychique; douleur physique ou insensibilité associée à des souvenirs particuliers, des émotions (par exemple la colère) ou des situations (par exemple les relations sexuelles);

14. Contrôle rigide du processus de pensée; manque d'humour ou sérieux extrême;

15. Se réfugier dans l'enfance, s'accrocher à quelqu'un, se recroqueviller dans un coin (comportements pour rechercher la sécurité); nervosité à l'idée d'être vu ou surpris; se sentir épié;

16. Problèmes de confiance; incapacité à faire confiance (on n'est pas en sécurité lorsque l'on fait confiance ); accorder trop de confiance; accorder sa confiance sans discernement;

17. Prise de risque élevée ("défier le sort"); incapacité à prendre des risques;

18. Problèmes de limites; contrôle, pouvoir, territorialité: peur de perdre le contrôle; comportements compulsifs/obsessionnels (tentative de contrôler des choses sans importance juste pour contrôler quelque chose!); confusion entre sexe et pouvoir;

19. Culpabilité / honte / très faible estime de soi / se sentir bon à rien / haute estimation des petites faveurs des autres;

20. Comportement de victime (persécuter quelqu'un après avoir été soi-même victime), surtout sexuellement; aucun sens du pouvoir ou bien du droit d'imposer des limites; incapacité de dire "non"; rechercher des relations avec des personnes beaucoup âgées (commence à l'adolescence);

21. Envie d'aimer et d'être aimé; savoir et faire instinctivement ce que l'autre personne veut ou espère; les relations sont de grands échanges (l'"amour" a été pris, mais non donné);

22. Sentiment d'abandon;

23. Incapacité de se souvenir de certaines périodes (surtout entre 1 et 12 ans), ou d'une personne ou d'un lieu spécifique;

24. Sensation de porter un lourd secret; être pressé de le dire ou bien au contraire avoir peur qu'il soit révélé; penser que personne ne le croira. Etre généralement secret. Se sentir "marqué";

25. Se sentir fou; se sentir différent; se sentir irréel alors que tous les autres sont bien réels, ou inversement; se créer des mondes imaginaires, des relations ou des identités (par exemple pour une femme, s'imaginer, se croire un homme c'est à dire, pas une victime);

26. Déni; aucune conscience de ce qui s'est passé; répression de la mémoire; faire semblant; minimiser ("ce n'était pas si grave"); avoir des rêves ou des souvenirs ("c'est peut-être mon imagination") (flash-back); très fortes réactions négatives "inappropriées" à l'égard d'une personne, d'un lieu ou d'un événement; flashs (lumière, lieu, sensation physique) sans avoir aucune idée de leur signification; se souvenir de l'environnement mais pas des faits. La mémoire peut revenir par le dernier événement traumatisant ou bien l'agresseur. Les détails de l'abus peuvent ne jamais revenir à la mémoire; quoiqu'il en soit la guérison peut intervenir même si on ne se souvient pas de tout. Votre inconscient libère les souvenirs au moment où vous êtes capable de les affronter.

27. Problèmes sexuels; le sexe est quelque chose de sale; aversion à être touché, surtout lors des examens gynécologiques; très forte aversion pour certaines pratiques sexuelles, ou au contraire très fort désir; sentiment d'être trahi par le corps; problème pour mêler sexualité et émotions; confusion et mélange de sexe/affection/domination/agression/violence; avoir besoin d'une relation de pouvoir dans les relations sexuelles; abuser des autres; séduction "compulsive" ou au contraire tout faire pour ne pas être séduisant; besoin d'agresser ou incapacité totale à agresser; relations sexuelles impersonnelles et dénuées de sentiments avec des étrangers avec incapacité d'avoir des relations intimes dans le cadre d'une relation amoureuse (conflit entre la sexualité et l'attention); prostitution; strip-tease; acteur porno; dépendance au sexe; refus du sexe; arrêt des relations sexuelles; pleurer après l'orgasme; sexualiser toute relation; réponse érotique à tout abus ou colère; fantasmes de domination ou de viol (culpabilité et confusion); Remarque : l'homosexualité n'est pas une conséquence de l'inceste;

28. Comportement ambivalent ou conflictuel dans les relations; Remarque : les partenaires de survivants souffrent également souvent de conséquences du syndrome post-inceste, surtout dans les comportements sexuels et relationnels;

29. Refus de se voir dans un miroir (invisibilité, honte, faible estime de soi, méfiance à l'égard des apparences);

30. Désir de changer de nom pour se dissocier de l'agresseur ou prendre le contrôle de soi;

31. Ne supporte pas le bonheur; réticence ou retrait par rapport au bonheur;

32. N'aime pas faire du bruit y compris pendant l'acte sexuel, en pleurant, en riant, ou tout autre fonction corporelle; très grande attention portée à la parole (attention particulière au choix des mots des autres; voix très douce, surtout quand il y a besoin de se faire écouter);

33. Vol;

34. Personnalité multiple.


Remarque pour les thérapeutes : tout le monde, et en particulier ceux qui ont besoin d'une psychothérapie, peut manifester ces symptômes bien que certains soient particuliers aux victimes d'abus sexuels dans l'enfance. Quand ils apparaissent ensemble, il y a une probabilité importante qu'un inceste soit survenu dans l'enfance.

Informations détaillées
Auteur: E.Sue Blume

54 commentaires:

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  19. Dans un premier temps, j’aurais envie de dire que nous ne serons jamais totalement libérés de nos passés. C’est une trame sur laquelle nous poursuivons nos chemins, elle nous suivra jusqu’à la fin. Nous pouvons, par contre, alléger ce fardeau. Le rendre moins lourd, moins pesant. J’ai pris conscience dernièrement qu’il fallait accepter et reconnaître notre histoire comme une partie fondamentalement notre. Or, nous avons tendance à vouloir la rejeter parce qu’elle reflète l’atrocité, la honte, la souffrance que nous tenons enfuis dans notre cœur. Mettre des mots sur les conséquences rendent mes maux plus tolérables parce que je peux enfin expliquer pourquoi il existe tel problème dans la communication, l’existence, la spontanéité, le relationnel, l‘émotionnel.

    La compréhension de ces difficultés permet d’avancer, de grandir, d’évoluer. Alors le néant peu à peu s’amenuise. Même si certains jours, il est plus présent et pressant, une lueur dans les yeux reste vive parce qu’elle est le souvenir d’une bataille, d’une réussite, de petits moments de bonheurs construits et furtifs néanmoins existants. En fin de compte, plonger dans le néant serait notre mort. Une force en nous nous empêche d’aller vers cette mort alors que nous savons qu’elle serait notre bonheur parce qu’elle nous délivrerait de cette douleur insoutenable de l’esprit et du corps. Dans le néant nous aimerions perdre cette existence du mal être, comment être assuré qu’il en serait réellement ainsi ?

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  20. Dans un deuxième temps, j’aimerai être idéaliste et croire que nous serons, un jour, libérés de nos passés. Notre force que nous tirons étrangement de notre histoire, nous amène à considérer la vie comme une perle précieuse.

    N’est-ce pas en se rendant « indispensable » que nous dessinons l’envie, l’utilité de sa personne parce qu’au fond on se sait pas si on survivra ? N’est-ce pas s’oublier ? N’est-ce pas le désir de se créer différemment en tentant d’oublier son histoire ? Même si dans ces moments là, on se croit être tout autre parce que nous pensons être utiles. Cela nous donne le répit de ne pas penser à ce que nous étions juste avant. Alors, on se dit que le passé n’a plus d’emprise, que nous sommes libres. Oui, nous le sommes dans les choix que nous faisons, mais en niant ce pourquoi nous cherchons à être « indispensables » nous ne faisons reculer que l’inéluctable : reconnaître et accepter son histoire aussi horrible soit elle.

    Dans ce raisonnement, je pense à libération de son passé dans cette possibilité de l’acceptation et la reconnaissance.

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  21. Dans ce néant, nous sommes rien et tout. Rien parce que nous perdons la consistance de notre corps. Tout car notre esprit se fond dans cet univers et ce mélange à ce tout. Mais nous tenons trop à notre individualisme alors ce filament nous retient : est-ce pour cela que nous ne sombrons pas dans ce néant ? Est-ce ce filament qui nous retient tant et nous permet au fil du temps de nous libérer de ce néant ?

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  22. Le néant n'est pas la mort. On peut vivre dans le néant indéfiniment, malheureusement. Le néant est la renonciation à ressentir les choses, à vivre, à reconnaître nos envies, nos besoins, nos souffrances, nos joies. Le néant, c'est la non-vie, la peur de la vie, un état indéfini de survivance.

    Il n'est pas simple de se libérer de cet état dans lequel nous ne sommes rien et tout: c'est pour pouvoir survivre qu'on se réduit à rien. La seule chose qui compte est la survie et, pour pouvoir ainsi se conserver, il faut se perdre.

    Pour sortir de cela, il faut faire un bond hors du cercle vide, il faut cesser d'être tout, un tout réduit à rien, pour devenir "nous". C'est un saut "quantique", un saut d'un état à un autre en-dehors du temps, mais tant qu'on n'est ni mort, ni fou, ce saut est possible.

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  23. « Renoncer à ressentir les choses, à reconnaître nos envies, nos besoins, nos souffrances, nos joies » : c’est une forme de mort. Non pas celle physique mais une mort de soi.
    Nous tissons une toile pour nous protéger, suspendue au vide, pourtant parfois notre cœur fait un bond comme un sursaut à la vie, comme un écho à la vie qui passe, à celle qui souffle dans nos veines. Un sursaut « quantique » de cette non-vie à la vie. Ce sursaut du vouloir Être. Nous devons apprendre à être dans le présent : d’accepter ce passé comme passé. D’apprendre à grandir et à s’ouvrir, à s’émerveiller pour une goutte d’eau sur un pétale, des couleurs du caméléon, des fleurs se fermant à la tombée de la nuit et s’ouvrant à l’aube. Ainsi nous apprendrons à ressentir les choses simples pour laisser s’épanouir dans notre cœur le filament de la vie, des émotions. Nos craintes sont si grandes qu’elles nous étouffent.

    Parfois, il faut se laisser atteindre le fond car il nous servira d’appui pour remonter jusqu’à la surface.

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  24. Ressentir les petites émotions, oui, mais attention: on en vient vite à se limiter aux petites choses, à vivre une petite existence, comme si tout se rapetissait à mesure de l'enfant qui a survécu, mais mal survécu. Des petites choses à se faire petit, il n'y a qu'un pas. Je crois qu'il faut de l'ambition aussi, l'ambition d'être plus qu'un survivant.

    Quant à se laisser atteindre le fond, il arrive qu'on n'ait pas le choix mais, si on a le choix, je fais le choix de combattre, combattre pour sortir du trou où on m'enterre, des bras qui m'enserrent, de la bouche qui me mord... Je n'ai pas voulu mourir, je ne veux pas mourir.

    Mais on n'a pas toujours le choix. Parfois, la force des émotions est trop intense : on meurt de peur, on baisse les bras devant l'indiscible, on ne comprend pas ce qu'on voit, on est anéanti, réduit au néant. On est le néant et, souvent, on naît dans le néant : je suis né d'une mère-néant qui m'a néantisé en croyant m'éduquer. Sortir du néant, se donner naissance à soi-même...

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  25. L'ambition d'accepter le flux des émotions, les sourires, la main tendue car toutes ne veulent pas vous tuer.
    Je refuse la plupart du temps que des personnes m'adressent la parole or parfois, je laisse une personne me parler, j'écoute. Après avoir mis fin d'un commun accord à cette discussion, au fond de moi je suis contente de l'avoir laissée me parler. On a beau dire, la vie est faite de petites choses qui deviennent de grandes choses au final. Comme les petits pas d'un enfant qui deviennent de grandes enjambées par la suite.

    Certes, on n'a pas toujours le choix cependant on a le choix de se laisser envahir par la peur des émotions trop intenses ou de combattre. Et vous avez fait le choix de combattre comme j'en fais le mien. Seulement, contrairement à vous, je suis seule et je me sens littéralement seule car j'entends souvent les remarques ou reproches que mes réactions sont dues à mon passé alors que je fais tout pour dépasser ce passé, pour grandir, évoluer, comprendre et expliquer mais on ne me comprends pas. Parfois, je me dis pourquoi tous ces efforts si l'incompréhension de ce que je suis m'amène à être seule ?

    Si j'en veux à cette vie de misère de sentiments, j'en n'ai pas moins la rage et la force. Une femme, une voisine, qui me voit toujours seule, me dit que je suis forte, courageuse, et aujourd'hui elle m'a dit que j'étais une guerrière ! J'en souris et je me dis : la guerrière est-elle vouée à rester seule ? Errant sur les chemins tortueux de la vie relationnelle ? Désormais, j’accepte mon passé néanmoins les déchirures sont des blessures cicatrisant difficilement. Et la vie continue, je plonge dans le monde féerique, des histoires inventées, des poèmes que j'écris, des photos que je travaille, j'admire le paille en queue qui passe au-dessus de ma tête, le soleil teintant le ciel d'un rouge-orangé : c'est magnifique et cela valait la peine de regarder, de sortir de moi, de mon intérieur triste et vulnérable. Je lève les yeux vers ces nuages et j'imagine un visage que je rencontrerai, peut-être, un jour.

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  26. Nous répétons souvent les mêmes mots et les mêmes phrases, nous tournons en rond dans notre tête, nous nous enfonçons dans la victimisation alors que nous ne cessons de nous battre pour en sortir.
    La peur de la vie, la peur du bonheur, la peur de la libération sont des inconnues. Nous devons les appréhender différemment afin de cesser de tourner en rond et de nous détruire comme l’ont fait les adultes à cet enfant que nous étions, encore enfuis en nous. Cet enfant qui veut vivre, il n’y arrive pas comme s’il attendait la permission.

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  27. Vous êtes seule, effectivement, et cela est une source de grande fragilité. J'ai une chance incroyable d'avoir rencontrer une personne qui ait su aller au-delà de mon apparence volontairement de rejet: cela fait 20 ans maintenant. Je m'en veux parfois d'avoir réussi mes études, ma vie amoureuse et ma vie familiale alors qu'un de mes frères est mort et l'autre vit seul.

    Je vous comprend trop bien, mais je dirais que vous devriez développer une volonté d'aller vers l'autre non pas pour vous-même, mais pour l'autre et pour vous retrouver vous-même au contact avec les autres. Chaque être humain est aussi le résultat des innobrables interactions avec les autres êtres humains et, dans l'isolement, la personnalité se flétrit, manque d'eau, manque d'air. Non pas qu'il faille chercher l'âme soeur, car l'âme soeur n'existe pas, mais tout simplement l'autre partie de nous-même que nous ne connaissons pas et que nous ne pouvons trouver que dans le regard de l'autre et que nous avons toute liberté d'accepter en l'état ou de rejeter parce que cela ne nous correspond pas. Le regard de l'autre sur moi est aussi une confrontation et mon refus d'un regard désapprobateur est tout aussi constituant que l'accueil d'un regard chaleureux: en réagissant à tous ces regards, nous nous construisons nous-mêmes, à condition de rester en accord avec notre être intérieur et de rester "soi-même".

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  28. Je comprends plus que jamais la connaissance d'une partie de soi au travers du regard de l'autre. Jusqu'à présent, je ne suis jamais allée vers les autres et mon métier fait que ce sont les autres qui viennent vers moi !
    Je me rends compte de cet effort que je dois effectuer malheureusement j'ai encore en tête mon inutilité envers l'autre. Par conséquent, aller vers cet autre pour lui-même m'est difficile même si l'idée fait son chemin.
    Néanmoins le sentiment admis désormais de ma vulnérabilité et la non-confiance en autrui sont des barrières. Je ne sais comment les surmonter.

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  29. Difficile, effectivement, d'autant plus que, parallèlement à une absence totale de confiance en l'autre, on aurait tant besoin d'avoir confiance en quelqu'un: c'est ce que l'enfant martyrisé a toujours souhaité. Nous voilà donc pris entre deux tendances contradictoires qui amènent certains au cercle vicieux de la survictimisation et d'autres à un retrait total de la société.

    Par contre, il faut lutter contre ce complexe de l'inutilité envers l'autre: aller vers l'autre n'est pas nécessairement être utile à l'autre et c'est peut-être l'autre qui peut nous être utile, n'est-ce pas ?

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  30. Nous sommes toujours pris dans le paradoxe et pour en sortir faut-il être dans le paradoxe ?

    Petit à petit, je commence à effectivement me dire que l'autre peut m'être utile. Je le sens en échangeant avec vous. Mais, il ne faut pas tomber dans la dépendance de l'autre. Les limites sont si sensibles, si fragiles. Comment trouver le juste milieu ?

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  31. Aujourd’hui, le 13 novembre 2010, j’ai compris quelque chose de fondamental. Ce qui est perdu, l’est à tout jamais. Ce qu’on n’a pas eu en tant qu’enfant, on ne l’aura jamais.

    J’ai cherché des années durant une relation paternelle, un amour innocent et pur d’un père pour sa fille. Cette relation s’est avérée devenir malsaine, elle répétait ma propre histoire de l’enfant soumis et abusé. Comme si dans cette relation, j’espérais exister, comme si je pensais qu’elle me donnerait ce que je n’ai jamais eu. Je me suis trompée. Je ne pouvais pas, jusqu’à présent, en prendre conscience et l’admettre alors je continuais encore et encore.
    Désormais, j’en prends pleinement conscience et l’admets. Je sens de ce fait un soulagement, comme un nœud qui se dénoue. Je me suis perdue en cherchant quelque chose que je n’aurais jamais. Je dois me retrouver, accepter ce vide et construire une toute autre relation au lieu de me détruire dans ce genre de relation paternelle sans sens. Je n’ai pas besoin d’elle pour exister, j’existe par moi-même. L’enfant meurtrit, tué, doit accepter ce fait et ne faire plus qu’un avec l’adulte que je suis dans l’ici et maintenant.

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  32. Tu es une adulte, corps adulte avec esprit d'adulte, mais peur et blessures enfantines. Bien entendu, tu ne peux pas compter sur tes parents. J'aurais aimé que mon père vois ce qu'on faisait de moi. J'aurais aimé qu'il réagisse quand il m'a surpris avec cet homme. Il n'a pas voulu voir. Je l'ai appelé, il n'est pas venu.

    Les parents ont fait leurs enfants à des fins qui ne regardaient pas les enfants. S'intéresser ensuite aux enfants en eux-mêmes, et non pas pour soi-même, demande certaines qualités que tous n'ont pas, malheureusement.

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  33. « Tu es une adulte, corps adulte avec esprit d'adulte, mais peur et blessures enfantines » Exactement. Toutefois, cela crée un gouffre, tant qu’il n’est pas possible d’en mesurer l’effet et les conséquences. Il faut du temps pour le connaître, s’apercevoir que certains agissements viennent de cet enfant terrorisé, cherchant de l’affection, écopant d’une affliction inimaginable. Il faut une rage de vivre et une force pour se poser les questions et chercher en soi le pourquoi, le comment. Il faut de la patience et de la persévérance pour dénouer tous les nœuds d’une attitude, de comportements existant à la protection de soi sans permettre l’épanouissement de soi.
    Il faut faire face, comprendre afin d’obtenir le dénouement de son histoire et construire celle que nous désirons : vivre et non survivre.

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  34. Désolé de n'avoir pu répondre plus tôt. Nous travaillons comme des malades et nous nous couchons régulièrement à 2 ou 3 heures du matin pour nous lever à 7... Je ne sais pas trop combien de temps je vais tenir à ce rythme.

    En tous les cas, je souscris entièrement à tout ce que tu dis: vivre, cela veut dire se créer un sens à l'existence, ex-nihilo, et maintenir ce sens pour ainsi dire à chaque seconde de notre vie parce que nous n'avons aucun ancrage dans une histoire susceptible d'insuffler quelque chose de plus stable. C'est un exercice exténuant, mais si on y pense bien, c'est aussi comme renaître chaque jour. Ce n'est qu'à force d'acharnement que nous pourrons nous construire une base qui tienne bon contre la furie du passé, contre les douleurs anciennes, contre l'absence de tout espoir qui va bien au-delà qu'un simple désespoir.

    Ceci dit, des idées m'assaillent sans cesse en ce moment, comme si je m'inventais un passé d'une rare violence, terrible, au-delà de l'imaginable: j'ai entendu ma voix proférer des choses d'une telle horreur - j'avais l'impression que ce n'était plus moi, que j'étais possédé. J'en tremble encore. Et si j'étais tout de même fou ?

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  35. Est-ce que le fou a conscience d'être fou ?
    Est-ce que le fou se demande s'il est réel ?

    Création - stabilité - exténué - absence d'espoir au-delà du simple désespoir : je les sens retentir en moi comme un écho. Entourée de montagne à gravir, atteindre le sommet, respirer cet air pur.

    Aujourd'hui, je réalise pleinement une phrase de vous : l'autre peut m'être utile. Même si cela a encore un petit goût amer, je sais que je ne le fais pas dans le mauvais sens du terme.

    Pourtant, de temps à autre je suis perdue car j'ai décidé de mettre fin à la recherche d'une relation paternelle. Cette décision est un réel soulagement, je me sens libérée d'un poids destructeur. J'ai le sentiment de mieux respirer. Toutefois, je ne sais pas ce que je dois faire maintenant !

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  36. Renoncer à une relation paternelle... Moi-même, j'ai dû bien tôt renoncer à toute relation avec ma mère. Je ne me rappelle pas de l'avoir jamais vu sourire à ses enfants sans arrière-pensée. Je ne me souviens pas d'une seule caresse à part les caresses de l'amante. JL'impression est que j'ai toujours été un enfant à croquer ou à vendre: malgré cela, la retrouver était aussi le signe, je crois, que j'avais survécu à quelque chose de pire entre les mains d'étrangers. On se contente de si peu quand on est enfant et démuni de tout. Quant à mon père, il était pplus qu'innocent: il était absent corps et âme.

    Je n'ai donc jamais eu de relation avec mes parents et j'y ai donc renoncé très tôt.

    Perdue, parce que cette relation était un point de repère et qu'aujourd'hui, vous devez voler de vos propres ailes; perdue, parce que le sens de votre vie vous était dicté et que vous n'aviez donc pas à le chercher vous-même ? Ce fut bien ma situation: mon désir était un désir caméléon: je souhaitais ce que tel ou tel personne souhaitait que je désire. Je pliais mon désir à celui de l'autre, et j'ai encore trop tendance à le faire aujourd'hui. Par contre, me demander ce que je désire moi me met en crise: que dois-je désirer ? Est-ce que je désire des choses sans le savoir, ou sans vouoir le savoir ? Ai-je le droit de désirer, de vouloir mon bien au lieu du bien de l'autre ? Est-ce que je peux affirmer une quelconque velléité qui ait pour but de satisfaire un autre être que l'autre, soit mioi-même ?

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  37. Lorsque je parlais de la recherche d'une relation paternelle, ce n'était pas celle avec le géniteur mais avec un homme autre. C'est dans cette relation avec l'homme-ami que j'ai tenté de trouver cette relation.

    A l'âge de 18 ans, j'ai quitté la cellule familiale dans le seul but de survivre sinon ma mort aurait été imminente. Le sens de ma vie n'a été que fuir mon passé, échapper aux personnages malfaisants du passé.

    Mais si aujourd'hui, je dois me poser la question sur le sens de ma vie : je ne sais pas s'il est si utile de donner un sens. Parfois j'aime à penser que vivre les instants tels qu'ils viennent, tels que je les crée peut-être un sens donné à ma vie. Si le sens de ma vie revient à celui du mythe de Sisyphe, la répétition d'actes laissée en suspend pour la descendance, or j'en n'ai pas, ne me semble pas être un sens que je veux de ma vie ! Je m'applique à goûter chaque moment de la journée susceptible d'apporter un bien-être bien que relatif. Même si chaque jour se répète inlassablement. J'ai appris dernièrement que personne, à part soi-même, ne fera le bien de l'autre sans un quelconque intérêt. Ce qui voudrait dire que pour être bien il faut se faire soi-même du bien.

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  38. Se faire du bien à soi-même, tout commence par là. Savoir reconnaître et accepter ses désirs propres, se vouloir du bien au lieu de vouloir le bien d'autrui. Ne plus avoir honte des besoins physiques et non physiques. Se reconnaître le droit à être aimé et à aimer.

    Quant au sens de la vie, je suis profondément convaincu que la vie n'a aucun sens pour personne et chacun de nous doit se le créer: chacun de nous donne un sens à sa vie, mais ceux qui ont vu leurs désirs détournés par le désir de l'autre sont particulièrement handicapé de ce point de vue, car le sens de la vie est nécessairement d'ordre auto-référentiel: je veux ma vie de telle ou telle façon parce que je suis convaincu que c'est de cette façon qu'il faut vivre, même lorsque le sens choisi est de type "altruiste" (écologie, humanitarisme, politique...). Le sens de la vie ne peut toutefois dépendre entièrement de l'autre, que ce soit un homme ou une femme, voire même des enfants ou plus généralement "la famille". C'est du moins ce que je pense.

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  39. Certes, le sens de la vie est personnel, il ne dépend pas de l'autre alors est-il si important de donner un sens à sa vie ? Lorsque nous tentons de donner un sens c'est dans l'avenir, le but à atteindre, ce qui nous amène à l'insatisfaction des jours présents. Le jour, cet instant que nous vivons, n'est pas apprécié tel qu'il est puisqu'il n'est qu'un passage pour atteindre son but. Je trouve le sens de la vie être une notion globale, générale.
    Très jeune, je me suis demandée quel sens donner à ma vie. Je n'ai toujours pas la réponse. Lorsque je suis entrée dans la vie active, je pensais que cela donnerait un sens. Mais non, puisque je ne me sens pas à ma place. J'ai l'impression d'être à ma place lorsque je suis hors du temps de la société. Par conséquent, aujourd'hui, je me pose la question : est-ce fondamental de donner un sens à sa vie ? Si je ne trouve pas le sens de ma vie est-ce parce que ma vie n'a pas de fondation, de base solide sur lesquelles m'appuyer ? Est-ce ce regard que je porte sur les Hommes ?

    Malgré tout, en vivant ma vie dans l'instant, en ayant des projets, en sachant que des changements vont survenir ; depuis que je considère que chaque journée est unique, si je n'apprécie pas ce qui se passe dans cette journée alors ce sera perdu à jamais, peut-être que le sens donné est de simplement profiter, de se faire du bien chaque jour ? Si dans l'écoulement de cette journée, je souhaite m'arrêter pour observer un oiseau qui chasse, un navire sur la mer, les rayons du soleil se reflétant sur l'eau, les couleurs, je le fais.

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  40. J'ai besoin d'un sens à ma vie. On me l'a volé. Quel sens aurais-je donner à ma vie sans cela, je ne sais pas. Plus j'avance, plus la possibilité se précise qu'on ne s'est pas contenté de violer le corps, mais aussi l'âme. On m'a demandé de participer, on a fait souffrir mon corps pour le plier, on a obscurcit mon esprit pour le salir, on a fait couler le sang, on m'a prsenté l'enfer comme la seule réalité: rien de cela n'était compréhensible. Ce vide de sens, je n'en veux plus. Je ne veux plus du fatalisme de l'enfant-objet qui doit jouir de la vie aux petites heures du matin, lorsqu'enfin l'immondice est au repos et qu'un jour de plus peut s'ajouter au calendrier de la vie. J'ai besoin de savoir que je peux être maître de ma vie, et pas seulement pour jouir de quelques bribes d'existence. Je ne veux plus vivre en point d'interrogation, sans rechercher de lendemain.

    Un enfant enterré dans un jardin ou un champ, avec seulement la tête qui sort : un enfant laissé en proie à la première bestiole dans cette nuit froide, la terre gelée contre les cuisses, étouffant la poitrine. Je ne veux pas resté planté-là, tandis que les porcs font la fête à quelques mètres. Je veux plus que l'instant... et je veux leur mort.

    Pour moi, le sens de la vie n'est pas quelque chose d'intrinsèque, mais un produit de la volonté libre, le rejet du fatalisme de la victime qui n'a pas choisi de l'être, mais qui accepte aussi de rester victime toute sa vie durant (je pense à certaines personnes qui, selon moi, méritaient de vivre autrement, et pas à toi, c'est clair pour moi).

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  41. Je lis bien la dimension des horreurs que vous avez vécu, vu et je suis loin de mesurer leur portance comme l'effacement d'un tout de votre être.
    Cette volonté libre d'exister et de donner un sens à sa vie est une volonté de vivre malgré son histoire. C'est se battre envers et contre tous. Tous : ceux qui ce sont servis de vous, de moi, de nous.
    Néanmoins, souvent, je tente d'oublier mon histoire et je pense que de vivre dans l'instant, d'apprécier ce que je vis, ce que je vois au jour le jour (sans que cela enlève toute possibilité de projet et de sens à sa vie) est un moyen comme un autre d'oublier ou bien de ne pas avoir peur de ce qui arrivera le soir même, le lendemain, etc. En un sens, c'est éviter les peurs enfantines qui n'ont plus de raisons d'exister mais qui signe chaque jour des moments précis de ma vie. Il faut du temps, des années pour ne plus se considérer comme victime et parfois, j'ai le sentiment d'y parvenir. Ce sentiment, il est lorsque je vis dans cet instant présent parce que l'avenir pour le moment est une inconnue que je ne contrôle pas or le présent je le contrôle.
    Est-ce cela le fond de la chose : contrôler ?

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  42. Oublier son histoire, voilà justement ce qu'il ne faut pas faire. Oublier, c'est passer sous silence ce que les responsables des actes qui nous ont condamnés à vivre, pendant des décennies, une vie hors de la vie attendent de nous. Ainsi, ils ne sont plus responsables, l'eau a coulé sous les ponts, et nous sommes des fous. Que ce soit moi avec mes souffrances, ou toi avec les tiennes, il n'y a pas de différence. La chose est peut-être plus claire pour moi d'un certain point de vue, c'est tout. Sans compter qu'on ne mesure pas les souffrances, quelles qu'elles soient.

    Contrôler, tout est là. Enfants, on nous a refusé ce contrôle. Adultes, nous voulons tout contrôler, jusqu'au moindre souffle, pour passer inaperçu, pour cacher les souillures que seuls nous voyons... C'est là aussi que nous devons céder un peu, parce qu'il n'est pas possible de tout contrôler toujours. En fait, nous ne contrôlons rien, ou à un tel prix que cela se révèle en général pire que de se laisser aller.

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  43. Certainement, les choses sont plus claires pour vous.
    Dans l'oublie, il n'est pas question de nier sa propre histoire, le ou les responsables : c'est penser à autre chose, goûter des moments de répit.
    Dans le contrôle, je ne cherche pas à contrôler les autres seulement ma personne. Ce contrôle donne en apparence une sécurité, une manière de se rassurer, de maîtriser et se maîtriser. Une autre façon, de me donner un pouvoir sur moi-même. Contrecarrer le pouvoir subit en tant qu'enfant, jusqu'à ce que je parte. Illusion, fiction ?

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  44. Désolé pour ce très long silence. Nous sommes pris par de gros projets et je me vois un peu forcer de mettre beaucoup de choses au second plan. Je repense toutefois à nos échanges et j'aimerais vous dire aujourd'hui, à vous et à toutes celles et ceux qui ont réagi sur ce blog, que j'ai beaucoup appris à travers vous.

    Pour en revenir à la question du contrôle, bien sûr que nous contrôlons tout d'abord nous-même: ne pas montrer ses peurs, ne pas montrer non plus ses espoirs, car ne pas espérer, c'est éviter une déception. Pour donner un exemple des plus simples et absurdes: je me suis toujours arrangé pour ne pas avoir à prêter quoi que ce soit, ne serait-ce que parce que personne ne me demande jamais rien, n'ayant aucun ami en pratique. Lorsque toutefois cela m'est arrivé, je voyais ce prêt comme un don afin de ne pas avoir à espérer dans le retour de la chose prêtée. Quoi de plus tordu ? Je ^réfère aussi rester distant des autres parce que, trop proche, je ne sais pas refuser. Je suis perdu dans les rapports avec autrui. Ayant toutefois eu des enfants avec une femme qui est ma compagne depuis 29 ans, il a bien fallu que je trouve des stratégies pour rendre cette situation viable. S'agit-il de contrecarrer le pouvoir subi dans l'enfance ? Je ne sais pas. A bien y penser, dans mon cas, il s'agit de la prolongation de tactiques enfantines pour être aussi discret que possible et ne pas être choisi pour aller sur les genoux des grands. Il s'agit de souffrir le moins possible en n'attendant rien, en refusant l'espoir pour ne pas tomber un jour dans le désespoir, en ne croyant en rien pour ne pas être déçu comme j'ai dû l'être plus d'une fois - et surtout, ne jamais accorder sa confiance à quiconque, et surtout pas aux plus doux d'entre les loups.

    Sorte de résistance intérieure pour préserver quelque chose que je puisse encore appeler "moi" alors que rien de ce qu'on pouvait toucher de moi ne m'appartenait - ma vie même pouvant être prise (jusqu'où, je ne sais pas encore).

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  45. Je m'excuse de ce long silence. J'ai quitté l'île de la Réunion, pour me retrouver dans un coin de la métropole ou les températures sont plus que négatives !! Ma capacité d'adaptation me permet de m'en sortir, mais la Réunion et sa chaleur me manquent terriblement. Ici c'est la froideur de l'hiver certes, mais c'est également la froideur de la vie. Parfois, je me dis que cette chaleur,dont j'ai besoin de manière vitale, remplace la chaleur qui me manque dans mon coeur.

    Ne rien devoir, ne pas pouvoir refuser : je connais bien. En lisant cela, je me suis faite la réflexion suivante : nous revenons sans cesse au fonctionnement de notre enfance entre soumission et notre capacité développée afin de nous protéger pour survivre dans cette jungle humaine. En prendre conscience n'est-il pas le chemin de la délivrance ? Je le croyais. Malgré ce savoir, il est difficile d'aller à l'encontre de ce qui nous a permis de survivre, quelque part qui nous a sauvé de la mort certaine.
    Pourquoi tant de combat quant au final, au bilan sommaire de notre vie, nous sentons une vie malheureuse ?!
    Parce qu'il existe des instants heureux. J'en revient à cet instant car il me permet aujourd'hui d'accepter cette nouvelle situation, changement brutal d'environnement et le pire voyez-vous est demain (samedi 22). Je dois aller dans cette maison de mes premiers cauchemars, là où tout a commencé. Pourquoi ? Parce que c'est mon anniversaire ! Parce qu'on ne comprend pas que je ne veuille plus mettre les pieds là-bas ! Mais... Il y a ma petite soeur... Je n'ai jamais trouvé la vie juste.
    Fermer le coeur, fermer toute évacuation possible de larmes, s'oublier pour faire plaisir à l'autre : c'est l'ironie du sort. Refuser c'est devoir se justifier, expliquer, faire comprendre quand les autres sont sourds à votre douleur. Alors ne rien dire comme si on baissait les bras parce qu'au fond que sommes-nous à part des enfants éduqués pour être soumis à la volonté des autres ?! Des adultes blessés, incompris et las...

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  46. J'ai quitté l'île de la Réunion, pour me retrouver dans un coin de la métropole ou les températures sont plus que négatives !! Ma capacité d'adaptation me permet de m'en sortir, mais la Réunion et sa chaleur me manquent terriblement. Ici c'est la froideur de l'hiver certes, mais c'est également la froideur de la vie. Parfois, je me dis que cette chaleur, dont j'ai besoin de manière vitale, remplace la chaleur qui me manque dans mon cœur.

    Ne rien devoir, ne pas pouvoir refuser : je connais bien. En lisant cela, je me suis fait la réflexion suivante : nous revenons sans cesse au fonctionnement de notre enfance entre soumission et notre capacité développée afin de nous protéger pour survivre dans cette jungle humaine. En prendre conscience n'est-il pas le chemin de la délivrance ? Je le croyais. Malgré ce savoir, il est difficile d'aller à l'encontre de ce qui nous a permis de survivre, quelque part qui nous a sauvé de la mort certaine.
    Pourquoi tant de combat quant au final, au bilan sommaire de notre vie, nous sentons une vie malheureuse ?!
    Parce qu'il existe des instants heureux. J'en revient à cet instant car il me permet aujourd'hui d'accepter cette nouvelle situation, changement brutal d'environnement et le pire voyez-vous est demain (samedi 22). Je dois aller dans cette maison de mes premiers cauchemars, là où tout a commencé. Pourquoi ? Parce que c'est mon anniversaire ! Parce qu'on ne comprend pas que je ne veuille plus mettre les pieds là-bas ! Mais... Il y a ma petite sœur... Je n'ai jamais trouvé la vie juste.
    Fermer le cœur, fermer toute évacuation possible de larmes, s'oublier pour faire plaisir à l'autre : c'est l'ironie du sort. Refuser c'est devoir se justifier, expliquer, faire comprendre quand les autres sont sourds à votre douleur. Alors ne rien dire comme si on baissait les bras parce qu'au fond que sommes-nous à part des enfants éduqués pour être soumis à la volonté des autres ?! Des adultes blessés, incompris et las...

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  47. Gyn, bienvenue de retour et comment s'est passé ce hour fatidique du 22. Je suis désolé de n'a pu te répondre plus tôt, mais je n'ai pas été très bien dernièrement: le passé frappe de temps à autre à la porte et les ordures s'invitent à ma table sans qu'on les y invite, comme de détestables fantômes qu'ils sont. Nous sommes éduqués à la soumission, oui, mais si nous sommes encore là, sur les forums ou sur les blogs, c'est qu'autre chose que la soumission persiste encore, une petite étincelle de libre-pensée.

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  49. Surtout, soigne-toi bien et reviens-nous plus sereine. Tous mes voeux sont avec toi.

    Courage, ne désespère pas.

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  50. Le jour du 22, alors que le géniteur ne devait pas être présent, en sortant ma chienne je me suis retrouvée face à lui ! Je l'ai regardé et j'ai dit "T'es pas mort toi ?!" Il a baissé les yeux en disant oui. Puis je suis partie faire ma promenade.
    15 jours avant le 22, je ne faisais que des cauchemars : dans ces derniers il cherchait toujours a me tuer et je disais toujours qu'il m'a tué à mes 10 ans.
    Depuis le 22, j'ai ressenti comme un soulagement de lui dire qu'il était mort pour moi. C'était clair en moi mais je ne lui avais pas dit mot : c'est devenu comme une réalité pour lui et j'espère ainsi qu'il ne cherchera plus à me revoir.

    Là encore, c'est une démonstration de ma non soumission : comme vous dites "l'étincelle de libre-pensée" Cependant, c'est éternellement un combat alors qu'on aimerait vivre tranquillement. Je trouve aussi que la vie n'est pas juste, néanmoins dans nos batailles que nous gagnons, nous devenons nécessairement plus forts, plus libres du passé et de ces conséquences.

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  51. J'espère que vous allez bien, Philippe. Courage.

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  52. Bonjour Philippe,j'espère que tu vas aussi bien que possible.
    J'ai été hospitalisée de janvier à septembre,9 mois d'hospitalisation très longue...j'ai pu me livrer dire des choses horribles que mon coeur n'était jamais parvenu à sortir...mais voilà ce mal me ronge toujours et je dois rentrer à nouveau dans cette clinique.On va tenter les séances d'EMDR,j'espère sincérement que cela va fonctionner sur moi,sinon on m'enverra en hôpital psychiatrique et ça je ne le supporterai pas...
    Voilà je me bats toujours et encore, mais à quel prix... ce mal être s'accroche à moi et j'avoue que tout ceci m'épuise.

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  53. Je rentre à nouveau en clinique mercedi 2 novembre.Pourvu que cela marche pour me permettre de vivre enfin un peu mieux.
    Amicalement Marianne,

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  54. Un petit mot en m'excusant de ne pas avoir répondu plus tôt. Nous sommes très occupés en ce moment et passons des moments très difficiles avec ma compagne. C'est surtout ellle qui a des problèmes en ce moment, mon passé ayant été mis entre parenthèses ces derniers mois.

    J'espère que ces hospitalisations successives déboucheront sur quelque chose de plus positif et durable dans un avenir pas trop éloigné. je te souhaite plein de courage et, surtout, aie foi en l'avenir et en toi. Bête à dire, mais tellement important;

    Courage !!!

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