lundi 14 décembre 2009

Avenir

Un jour il faudra bien mourir, et lorsque le jour viendra, je serai là. J'attendrai comme on attend un accomplissement, la réalisation d'une prédiction trop souvent repoussée, sans raison valable.

J'aurais fait des choses dans ma vie, des choses dont je suis fier, des choses dont je suis heureux, mais aussi des choses qui auraient bien pu ne pas être: je n'aurais rien fait d'essentiel et peut-être aurait-il été plus simple de ne pas exister du tout.

Le jour de ma mort, je veux être là. Ne faire souffrir personne, ou le moins possible pour mes enfants, mais ne plus souffrir moi-même, ne plus exister, ne plus avoir peur, ne plus à avoir à montrer du courage même lorsque je n'en ai pas envie, lorsque je ne peux pas. Juste mourir.

5 commentaires:

  1. Bon pas mal, mais on a besoin de toi avec ton blog. T'as remarqué qu'on est plein et sur le net on tisse notre maille et tu en fais partie. Ecoute, la mort, on verra ça plus tard, pour l'instant je veux qu'il y ait de moins en moins de gamins qui y passent et ne pensent qu'à la mort. Même si c'est virtuel, n'empêche qu'on est là, nombreux. J'ai bonne mine, je ne soigne plus mon cancer, c'est ma porte de sortie, le jour où j'en aurais trop marre. En fait, c'est dur aussi de mourir lorsqu'on aime la vie.

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  2. Je te prends dans mes bras Philippe.
    Affectueusement.

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  3. Si j'avais envie de mourir, je ne l'écrirais pas et je ne le dirais à personne. Les pensées de mort ne sont pas nécessairement des pensées suicidaires, mais elles valent la peine qu'on les exprime. Je n'ai jamais supporté les consolations niaises. La mort, je veux la voir en face quand j'y pense: je veux me refléter dans son miroir. Cela ne veut pas dire passer de l'autre côté du miroir: c'est la forme que prend ma tristesse. Cette "porte de sortie", sortie potentielle, j'en ai besoin pour apprécier encore la vie quand cela devient difficile. Mais si un jour plus rien ne me retient, je n'écrirai rien à personne.

    Ce blog, c'est un peu pour exprimer tout ça. Je vous remercie d'être là, de tout coeur. J'admire votre courage et je me sens un peu honteux, comme un enfant qui se plaindrait sans raison.

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  4. Tu n'as pas à te sentir honteux et te justifier Philippe.
    ici c'est ton espace, tu as le droit d'écrire, d'exprimer ce qui te passe par la tête.
    "comme un enfant qui se plaindrait sans raison"....mais il me semble que l'enfant en toi le fait avec raison justement!! Et puisque ENFIN tu es sorti du déni et qu'ENFIN (tu) il parle, je ne vois pas pourquoi on lui( te) demanderai d'arrêter. Au contraire qu'il dise, on est là pour l(t')'écouter et le(te) consoler si besoin.¨
    Alors, extériorise tout ce que tu as à extérioriser, c'est nettement mieux que de garder cela au fond de toi au risque d'en être rongé.
    Et puis quel beau témoignage justement pour ceux qui viendront te lire.....Lire que OUI le viol ou l'inceste engendre de telles souffrances qu'on en a envie de toucher la mort des doigts, qu'on l'appellerai même pour qu'elle nous délivre de ces souffrances intolérables.
    Mais, même si on touche à ce point le fond quel bel espoir tu donnes en continuant à vivre et écrire malgré cela.
    Le témoignage de nos pensées même les plus sombres, ben c'est une preuve de vie non ?
    Alors témoigne ta souffrance, tes douleurs, tu te dois bien cela. Tu le mérites. Pour toi et tous ceux qui viendront ici et qui auront le même parcours chaotique.
    et puis, je suis d'accord avec toi, parler de la mort ne fait pas de toi un suicidaire.
    Les suicidaires sont en général muets et passent à l'action sans crier gare.
    Bien à Toi Philippe.

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  5. "comme un enfant qui se plaindrait sans raison".... Là derrère, il y a une grande haine de soi, de moi, une grande violence et un grand dégoût à mon propre endroit, quelque chose qui m'étouffe, que je ne maîtrise pas.

    Ce blog, c'est bien pour que celles et ceux qui le rencontreraient par hasard, au cours d'une pérégrination qui leur est propre, puissent voir ce que peuvent devenir ces enfants dont on abusent: un exemple ni glorieux ni tragique, quelconque. C'est pourquoi je me permets d'écrire ce que je pense sans y réfléchir, sans chercher à me maîtriser, mais sans renoncer à me mépriser.

    Je sais que cette colère que je tourne contre moi-même, je devrais la tourner contre celles et ceux qui ont abusé de mon corps, mais je n'en suis visiblement pas là.

    Et puis, "Le témoignage de nos pensées même les plus sombres, ben c'est une preuve de vie non ?": OUI.

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