"...la mémoire ne s'oppose nullement à l'oubli. Les deux termes qui forment contraste sont l'effacement (l'oubli) et la conservation ; la mémoire est, toujours et nécessairement, une interaction des deux. La restitution intégrale du passé est une chose bien sûr impossible (mais qu'un Borges a imaginé dans son histoire de Funes el memorioso), et, par ailleurs, effrayante ; la mémoire, elle, est forcément une sélection." (p. 14)
"L'individu qui ne parvient pas à accomplir ce qu'on appelle le travail de deuil, qui ne réussit pas à admettre la réalité de sa perte, à s'arracher au choc douloureux qu'il a subi, qui continue de vivre son passé au lieu de l'intégrer dans le présent, qui est dominé par le souvenir sans pouvoir le domestiquer (et c'est, à des degrés divers, le cas de tous ceux qui ont vécu dans les camps de la mort), cet individu est évidemment à plaindre et à secourir : il se condamne involontairement lui-même à la détresse sans issue, à la folie." (pp. 32-33)
Mémoire littérale par opposition à mémoire exemplaire: la première est tournée sur soi, sur la singularité et l'incomparabilité du vécu, la seconde est tournée vers l'action, l'autre, la comparaison avec d'autres faits et situations.
dimanche 25 septembre 2011
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