mardi 14 décembre 2010

Enfants abusés : les signaux à ne pas négliger

Actualité criminologie


Enfants abusés : les signaux à ne pas négliger
Monde > viol, pédophilie, psychiatrie
Article posté par Stéphane Bourgoin le Mardi 14 décembre 2010

" Les enfants abusés de moins de 6 ans auront tendance à en parler spontanément, au contraire des plus grands

La fiabilité du récit d’un enfant qui dit avoir été abusé sexuellement dépendra énormément du rôle que ses proches, particulièrement ses parents, auront joué dans ces déclarations. Plus un adulte posera des questions orientées à un enfant, plus il y aura de risques que le récit ne corresponde pas à la réalité. “ Il faut se montrer très prudent vis-à-vis des paroles d’un enfant dont le parent attend des réponses à des questions volontairement posées sur d’éventuels abus. Dans les autres cas, pour les enfants de moins de six ans victimes d’abus sexuels, il y a beaucoup de chances qu’ils l’évoquent spontanément. Au-delà de cet âge par contre, l’enfant aura tendance à cacher les faits, soit parce qu’il aura peur d’être grondé, soit parce qu’il craindra le chantage auquel il a été soumis par son abuseur”, souligne le pédopsychiatre Jean-Yves Hayez.

“Un enfant de moins de six ans abusé ‘en douceur’, sous forme de ‘jeu’, et non de manière brutale, ne tiendra pas sa langue malgré toutes les promesses que lui fera la personne qui a abusé de lui. L’enfant en parlera de manière spontanée au moment où l’adulte ne s’y attend pas et souvent lorsqu’une situation lui rappellera le ‘jeu’de l’adulte, lorsqu’il sera tout nu avant de prendre son bain par exemple. L’enfant brutalisé pendant l’abus sexuel adoptera, lui, un comportement de repli, d’évitement, il refusera par exemple de se déshabiller. Des signes qui devraient mettre la puce à l’oreille des adultes”, poursuit le spécialiste.

L’enfant de plus de six ans évitera quant à lui de se confier à ses proches. “Il manifestera plutôt des signes de pudeur excessive, refusera de se déshabiller en public, s’enfermera dans le silence et, parfois, aura aussi tendance à reproduire ce qu’il a vécu en brutalisant les plus petits que lui. Certains enfants abusés auront aussi parfois tendance à demander à des adultes s’ils veulent jouer avec son sexe, pour voir si les gestes qu’il a subis sont normaux ou pas”, ajoute le pédopsychiatre rappelant que la meilleure manière pour savoir si un enfant a été abusé, est la plus directe. “Il s’agit ici d’aborder naturellement le sujet avec l’enfant et non de l’inciter à répondre à des questions orientées”."

Un article de N.Ben.



Source : LA DERNIERE HEURE (14 décembre 2010)




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jeudi 25 novembre 2010

Envies

Comme envie de me faire du mal, de voir le rasoir sur ma peau

Comme la pointe d'un couteau sur la peau blanche d'un enfant qui se teinte de sang

Comme envie de trouer cette peau - la sienne, la mienne, la mienne en réparation de la sienne

Comme envie de crier: je ne t'ai pas tué

J'ai comme envie de pleurer parce que je ne peux pas croire

Comme envie de pleurer parce que je ne peux pas voir

Où est ma mémoire, où est cet enfant

Comme envie de voir le sang couler pour payer encore

Comme envie de vous rire au nez, d'être méchant

Comme envie de faire du mal, mais je n'ai pas le coeur

J'ai comme envie de souffrir pour croire que je souffre

J'ai comme envie de penser pour croire que je pense

J'ai comme envie...

Mais je n'ai pas mal, du moins je crois, du moins je ne sais pas

J'ai envie d'avoir mal pour déplacer la douleur

J'ai envie de dénouer la gorge - quoi de mieux que de la couper ?

J'ai envie de parler pour me croire vivant

Mais quelque chose me bloque, une grosse boule de douleur, une grosse boule de haine, une grosse boule de rancune, comme un testicule coincé au fond de la bouche

J'ai une grosse envie de ne plus être vulgaire, méchant, sale

Une grosse envie de ne pas dire ce que je dis, de ne pas voir ce que je vois, de ne pas penser ce que je pense

Envie de ne pas être là, ni là-bas, ni ailleurs

Comme une grosse envie de n'avoir envie de rien, juste effacer ce couteau, enfoncer cette lame

samedi 6 novembre 2010

Rêve

Sous le ciel étoilé, la terre est sombre, humide, froide. Les grains se pressent contre ma peau, la moiteur d'un ver sur ma jambe. Tout est silencieux ici. Là-bas, la maison illuminée danse, boit, rit. Tout est sombre ici. Un frôlement, le vent sur ma joue, une goutte à l'oeil.
Le regard fuit, le regard cherche.
La terre noire se tasse, se charge de l'eau de la nuit froide. Elle écorche la chair, elle respire et pousse.

Petite tête dépassant du sol, seule. Petit corps qui ne peut trembler, pressé qu'il est par la terre qui le ceint, qui le serre.

Petite tête seule dans la nuit, parmi les choux et les poireaux.

lundi 25 octobre 2010

LISTE DES CONSEQUENCES DE L'INCESTE

LE SYNDROME POST-INCESTE CHEZ LES FEMMES ET LES HOMMES

LISTE DES CONSEQUENCES DE L'INCESTE CHEZ LES SURVIVANTS


Je publie ce texte une deuxième fois, les commentaires étant si nombreux, semble-t-il, qu'ils ne s'affichent plus).

par E. Sue Blume, C.S.W., Diplomate in Clinical Social Work, auteure de deux livres : Secret Survivors: Uncovering Incest and Its After-effects in Women et You're Still.


L'inceste constitue une violation tellement traumatisante que souvent les victimes oublient que cela leur est arrivé. Mais les cicatrices émotionnelles sont bien présentes, même si elles paraissent déroutantes à cause de leur manque de signification apparente. Les problèmes continuels dans les relations, la sexualité, la confiance, le contact physique, les dépendances, la dépression et la culpabilité peuvent, quand leur cause est inconnue, donner le sentiment de devenir fou et de perdre le contrôle de soi-même. Cette liste peut être utilisée pour aider l'adulte survivant à s'identifier en tant que victime d'inceste, pour qu'il sache qu'il existe bien des raisons aux difficultés qu'il éprouve, et qu'en fait, ces "problèmes" sont un moyen de contourner une douleur insoutenable.

L'inceste, la forme la plus commune d'abus sexuel sur un enfant, est avant tout un abus sur un enfant, un abus des limites personnelles et sexuelles de l'enfant par une personne de confiance censée prendre soin de lui. L'inceste est toute utilisation d'un enfant mineur pour satisfaire des besoins sexuels et/ou émotionnels d'une ou plusieurs personnes dont l'autorité s'appuie sur des liens affectifs avec l'enfant. Il faut noter que l'inceste est un abus qui se retrouve dans une relation de pouvoir et pas forcément uniquement dans les liens du sang : c'est la violation de la confiance qui entraîne les plus gros dommages chez l'enfant.

1. La peur de se retrouver seul dans le noir, de dormir seul; les cauchemars, les peurs nocturnes (surtout la poursuite, la menace et l'enlèvement);

2. Ne pas exprimer sa sensibilité; la peur de l'eau sur le visage durant le bain ou en nageant (sentiment de suffocation);

3. Aliénation à l'intérieur de son propre corps; incapacité à prendre en compte les signaux de son corps ou bien d'en prendre soin; mauvaise image de son corps; prise ou perte de poids pour éviter d'attirer l'attention sexuelle;

4. Problèmes gastro-intestinaux; problèmes génitaux (dont les infections vaginales spontanées); maux de tête, arthrite ou douleur aux articulations;

5. Porter de nombreux vêtements, y compris en été; porter des vêtements larges; incapacité à se dévêtir dans les situations appropriées (pour nager, pour se baigner, pour dormir); contraintes très importantes pour l'intimité dans la salle de bains.

6. Désordres alimentaires, abus de drogue ou d'alcool (ou abstinence totale); autres dépendances; comportements compulsifs;

7. Automutilation; blessures auto-infligées;

8. Phobies;

9. Besoin d'être invisible; perfectionnisme;

10. Pensées suicidaires; tentatives de suicides; obsession du suicide;

11. Dépression (parfois paralysante); pleurer sans raison apparente;

12. Problème de colère; incapacité de reconnaître, d'admettre et d'exprimer sa propre colère; peur d'une colère réelle ou imaginaire; constamment en colère; très grande hostilité à l'égard de toute personne du sexe ou de l'ethnie de l'agresseur;

13. Dépersonnalisation; faire des malaises, des crises dans des situations stressantes; être toujours en crise; insensibilité psychique; douleur physique ou insensibilité associée à des souvenirs particuliers, des émotions (par exemple la colère) ou des situations (par exemple les relations sexuelles);

14. Contrôle rigide du processus de pensée; manque d'humour ou sérieux extrême;

15. Se réfugier dans l'enfance, s'accrocher à quelqu'un, se recroqueviller dans un coin (comportements pour rechercher la sécurité); nervosité à l'idée d'être vu ou surpris; se sentir épié;

16. Problèmes de confiance; incapacité à faire confiance (on n'est pas en sécurité lorsque l'on fait confiance ); accorder trop de confiance; accorder sa confiance sans discernement;

17. Prise de risque élevée ("défier le sort"); incapacité à prendre des risques;

18. Problèmes de limites; contrôle, pouvoir, territorialité: peur de perdre le contrôle; comportements compulsifs/obsessionnels (tentative de contrôler des choses sans importance juste pour contrôler quelque chose!); confusion entre sexe et pouvoir;

19. Culpabilité / honte / très faible estime de soi / se sentir bon à rien / haute estimation des petites faveurs des autres;

20. Comportement de victime (persécuter quelqu'un après avoir été soi-même victime), surtout sexuellement; aucun sens du pouvoir ou bien du droit d'imposer des limites; incapacité de dire "non"; rechercher des relations avec des personnes beaucoup âgées (commence à l'adolescence);

21. Envie d'aimer et d'être aimé; savoir et faire instinctivement ce que l'autre personne veut ou espère; les relations sont de grands échanges (l'"amour" a été pris, mais non donné);

22. Sentiment d'abandon;

23. Incapacité de se souvenir de certaines périodes (surtout entre 1 et 12 ans), ou d'une personne ou d'un lieu spécifique;

24. Sensation de porter un lourd secret; être pressé de le dire ou bien au contraire avoir peur qu'il soit révélé; penser que personne ne le croira. Etre généralement secret. Se sentir "marqué";

25. Se sentir fou; se sentir différent; se sentir irréel alors que tous les autres sont bien réels, ou inversement; se créer des mondes imaginaires, des relations ou des identités (par exemple pour une femme, s'imaginer, se croire un homme c'est à dire, pas une victime);

26. Déni; aucune conscience de ce qui s'est passé; répression de la mémoire; faire semblant; minimiser ("ce n'était pas si grave"); avoir des rêves ou des souvenirs ("c'est peut-être mon imagination") (flash-back); très fortes réactions négatives "inappropriées" à l'égard d'une personne, d'un lieu ou d'un événement; flashs (lumière, lieu, sensation physique) sans avoir aucune idée de leur signification; se souvenir de l'environnement mais pas des faits. La mémoire peut revenir par le dernier événement traumatisant ou bien l'agresseur. Les détails de l'abus peuvent ne jamais revenir à la mémoire; quoiqu'il en soit la guérison peut intervenir même si on ne se souvient pas de tout. Votre inconscient libère les souvenirs au moment où vous êtes capable de les affronter.

27. Problèmes sexuels; le sexe est quelque chose de sale; aversion à être touché, surtout lors des examens gynécologiques; très forte aversion pour certaines pratiques sexuelles, ou au contraire très fort désir; sentiment d'être trahi par le corps; problème pour mêler sexualité et émotions; confusion et mélange de sexe/affection/domination/agression/violence; avoir besoin d'une relation de pouvoir dans les relations sexuelles; abuser des autres; séduction "compulsive" ou au contraire tout faire pour ne pas être séduisant; besoin d'agresser ou incapacité totale à agresser; relations sexuelles impersonnelles et dénuées de sentiments avec des étrangers avec incapacité d'avoir des relations intimes dans le cadre d'une relation amoureuse (conflit entre la sexualité et l'attention); prostitution; strip-tease; acteur porno; dépendance au sexe; refus du sexe; arrêt des relations sexuelles; pleurer après l'orgasme; sexualiser toute relation; réponse érotique à tout abus ou colère; fantasmes de domination ou de viol (culpabilité et confusion); Remarque : l'homosexualité n'est pas une conséquence de l'inceste;

28. Comportement ambivalent ou conflictuel dans les relations; Remarque : les partenaires de survivants souffrent également souvent de conséquences du syndrome post-inceste, surtout dans les comportements sexuels et relationnels;

29. Refus de se voir dans un miroir (invisibilité, honte, faible estime de soi, méfiance à l'égard des apparences);

30. Désir de changer de nom pour se dissocier de l'agresseur ou prendre le contrôle de soi;

31. Ne supporte pas le bonheur; réticence ou retrait par rapport au bonheur;

32. N'aime pas faire du bruit y compris pendant l'acte sexuel, en pleurant, en riant, ou tout autre fonction corporelle; très grande attention portée à la parole (attention particulière au choix des mots des autres; voix très douce, surtout quand il y a besoin de se faire écouter);

33. Vol;

34. Personnalité multiple.


Remarque pour les thérapeutes : tout le monde, et en particulier ceux qui ont besoin d'une psychothérapie, peut manifester ces symptômes bien que certains soient particuliers aux victimes d'abus sexuels dans l'enfance. Quand ils apparaissent ensemble, il y a une probabilité importante qu'un inceste soit survenu dans l'enfance.

Informations détaillées
Auteur: E.Sue Blume

jeudi 14 octobre 2010

Tristesse

Jour sombre. C'est tout.

mercredi 29 septembre 2010

Est-ce que c'est permis ?

Est-ce qu'il est permis, est-ce que c'est bien,
de dire que votre mère a pris votre sexe entre les dents
comme pour l'arracher lorsque vous n'aviez pas quatre ans ?

Est-ce qu'il est permis, est-ce que c'est bien,
de dire que sa meilleure amie vous demandait de la lécher
même avec le sang menstruel ?

Est-ce que ce n'est pas trop cru, trop dégoutant,
de dire qu'un homme vous a soulevé une jambe pour vous violer
tandis que l'autre vous collait le ventre au visage ?

Est-ce qu'il bon, est-ce qu'il est pensable,
de dire que votre mère vous a collé sa langue dans la bouche
avec son odeur de vin alors que vous n'étiez qu'enfant ?

Est-ce qu'il est bon, est-ce qu'il est pensable,
de dire que même un chien aurait pu vous prendre pour objet
en pleine nuit, entouré d'un groupe hilare ?

Est-qu'il est concevable, est-ce qu'il est possible,
que des adultes entourent le corps d'un bambin
pour lui cracher dessus chacun tour à tour ?

Est-ce qu'il est de ce monde de rêver la nuit avant de s'endormir
à des enfants lâchés dans les prés tandis que les grands s'apprêtent
à les prendre en chasse pour ensuite les ligoter ?

Est-ce qu'il serait admis, est-ce qu'on serait autorisé,
à parler d'un enfant qu'on mène aux toilettes
pour lui enfoncer son sexe dans la bouche ?

Est-ce qu'il serait concevable, envisageable,
qu'on nous parle d'une petite tête clouée au sol
par une énorme botte, juste sous une roue de voiture ?

Est-ce qu'il serait recevable, acceptable,
d'entendre qu'une femme mûre avec rien sous la blouse
demande à un garçon de pas dix ans de la carresser ?

Que dirait-on de celui qui avouerait avoir vu en lui-même
sa meilleure amie violée sur la table de la salle à manger
pendant la fête du village, un soir d'été ?

Non, bien entendu, rien de cela n'est dans l'usage accepté.
Cela ferait jaser les bien-pensants et vomir les commères attablées.

Chut, silence...

mercredi 8 septembre 2010

"Celui qui agit sur ses semblables est un fantôme et non pas une réalité - L'homme éminent apprend peu à peu qu'en tant qu'il agit il est un fantôme dans le cerveau des autres, et il en arrive peut-être à la subtile torture de l'âme de se demander s'il ne faut pas conserver le fantôme de soi pour le bien de ses semblables." (F. Nietzsche, Opinions et sentences mêlées, n° 300)

Nietzsche parle des "hommes éminents", mais n'en va-t-il pas de même du pédophile dans le cerveau de sa victime ? Le traumatisme subi persiste dans l'esprit de la victime sous forme de "fantôme". Le fantôme entretient notre honte, notre dégoût de nous-mêmes, et ainsi de suite.

dimanche 22 août 2010

La nature du mensonge

"Celui qui sait tout n'a pas besoin de faire confiance, celui qui ne sait rien ne peut raisonnablement même pas faire confiance."

"... si le secret n'est pas directement lié au mal, le mal est lié directement au secret"

Simmel, "Secret et sociétés secrètes"

Détruire

"... détruire est une mise à l'écart de toute signification possible..."

"Il n'y a rien à comprendre dans l'anéantissement, dans la ruine, l'annihilation."

Lawrence Olivier - Détruire : la logique de l'existence

mercredi 21 juillet 2010

Idées noires

Blues, take me away from all this,
from all of me.

Blues, take me away.

I won't fly to the sky, but get buried deep in the earth,
soiled for ever, lost.

Blues, take this away,
all of this.

Take this heart out of me,
and this brain out of this world.

Creep deeper and deeper,
far from the light, far from the living.

Come closer to death, come closer to the depth of the neverland.
Come closer to nothing, away from all.

I won't take this; I won't take it no more.

This is the end of it, a part of me has parted.
Gone away with the flies on a dead body.
This black heart is rotten,
no life is in there, no truth in that brain.

Just rubbish, all is rubbish.

dimanche 18 juillet 2010

Pensée

Quelle est la distance entre la vision d'un visage d'enfant cloué au sol par une chaussure d'homme, à deux doigts d'une roue de voiture avec le moteur en marche et une quelconque réalité passé. Le côté gauche de mon visage est comme ankylosé, avec des fourmillements partout qui tendent à tirer mes traits vers le bas, jusqu'à ce que l'oeil se ferme et la bouche se déforme.

Et pourtant, si j'appelais cela un "souvenir", qui me prendrait au sérieux à part les psys et ceux me sont proches ? Personne, et avec raison.

samedi 17 juillet 2010

Texte ancien

J'aimerais mourir sans qu'on ne m'ait jamais vu naître. J'aimerais disparaître sans bruit, sans remou, sans gêner personne.. J'aimerais que la vie se défasse de moi comme on jette une vieille fripe inutilisée. J'aimerais être le grain de poussière que l'on chasse de la maison du monde. J'aimerais mourir pour ne plus avoir peur, pour ne plus tourner mon regard interrogateur vers mon bourreau, essayant de comprendre ce qu'il me faut faire pour éviter le fouet, les coups, les oreilles tirées, le visage enfoncé dans son ventre.

J'aimerais être un point d'interrogation qui s'efface, ne laissant qu'un point final, ou quelques points de suspension tombant dans l'oubli. J'aimerais être une virgule sur le calendrier du temps, une simple pause avant de passer à autre chose, autre que moi. J'aimerais être la fin de ma propre fin, retrouver le néant que je n'ai jamais quitté, qui est en moi et qui est moi.

J'aimerais perdre ma seconde peau qui me raccroche à la vie pour regagner la première peau que l'on m'a remise, peau de bête que l'on monte et démonte, peau d'âme absente parce qu'en voyage ab eternum. J'aimerais me réduire à cet esprit qui s'évade et que personne ne rattrape jamais, ni dans les cimetières, ni sous les roues d'une voitures, ni dans les alcôves fétides, ni dans l'eau pure d'une rivière qui jamais ne pourra laver la souillure. J'aimerais me réduire à ce qui est en moi insaisissable, à ce que ni les objectifs, ni les langues inquisitrices n'ont réussi à emprisonner.

J'aimerais mourir pour être enfin ce que je suis, un rien dans l'espace infini du néant, une non-existence dans le coeur de pierre de qui n'a pas cru en mon être, une absence justifiée à tout jamais.

vendredi 2 juillet 2010

Reconstruction et vérité

On me dit que je fais un pas en avant vers la reconstruction de mon vécu, qu'un nouvel élément revient à la surface à travers une image sortie de je ne sais où, une image qui ne se dit ni vraie ni fausse, mais qui se montre.

Cette image est toutefois tellement incroyable, tellement horrible, comme un enfant offert en sacrifice sous le regard de deux autres enfants qui assistent muets et impuissants à ses souffrances et à sa mise à mort, que je ne peux vraiment pas me résoudre à l'accepter. La seule issue: mener une enquête concrète, rechercher des indices, des recoupements, à défaut de preuves et de témoignages. Comment croire à une histoire qui semble dépasser les limites du concevable ? Pourquoi les autres ajoutent-ils foi aussi facilement à ces images alors que je doute ? N'est-ce pas moi qui fait tourner tout le monde en bourrique, qui joue la comédie ? Et pourquoi ?

Malgré la croyance de ceux qui me veulent du bien, non, je n'arrive pas à croire.

mardi 22 juin 2010

Poème de Marianne, après la mort

Mon coeur est rempli de souffrances
Mon corps est meurtri par les maltraitances
Mon esprit vide de toute espérance.
A mes pieds il y a comme un trou béant
Où je me laisse glisser doucement
Vers un monde sans tourments
Sans aucune inquiétude
Là où toute ma lassitude
Sera transformée en douce quiétude...
Un jour je n'aurai plus le choix
Que de suivre cette voie
Afin de me libérer de tout ce poids...
Poids d'une vie devenue bien trop pénible.

mardi 1 juin 2010

Sex and love

Comment réconcilier sexe et amour: est-ce que l'amour repose sur cette fameuse alchimie du sexe, ce qui me pose problème, et si cette alchimie ne fait qu'y contribuer partiellement, ne pourrit-elle pas la pureté que je voudrais donner à ce sentiment ?

Qu'est-ce que le plaisir sexuel ? Purement physique ? Non, et pourtant... Je suis très confus mais, ce faisant, j'attends que mon corps me guide, ce qui me tire de nouveau vers le bas.

Quelle horreur! Pourquoi l'amour doit-il passer par là ? Mais que serait-il sans cela?

Questions, questions, mais pas de réponse.

mardi 25 mai 2010

Pourquoi j'écris

Je ne sais pas pourquoi j'écris des choses comme celles-ci: "Pensez à ces enfants qui ne connaissent des adultes que leur bas-ventre... A ces enfants qui auront, adultes, pour seul souvenir non pas les coups, mais la peur des coups ; non pas la souffrance, mais la peur de la souffrance. Il y a ceux qui n'ont pas survécu, et puis ceux qui finissent sur le trottoir dans tous les sens. Il y a ceux qui meurent, et puis ceux qui sont morts dedans. Et puis il y a les autres... et chez moi la haine des autres: du coupable à celui qui ne dit rien, de celui qui nie à celui qui offre sa pitié avec un air goguenard qui en dit long sur son empathie, de ceux qui vous traitent avec une pitié vile à ceux qui vous regardent comme si vous étiez vous-même la souillure, et non pas la victime de cette souillure." En écrivant ces mots, j'ai la sensation de parler de moi, alors qu'on parle d'enfants tués, torturés, de cercles pédophiles internationaux.Je ressens la souffrance et le martyr de ces enfants comme si je l'avais vécu. J'ai la désagréable sensation d'aller jusqu'à oublier ces enfants tellement je pense à moi, et je n'aime pas ça du tout.

mardi 18 mai 2010

S. Ferenczi

Juste un petit message suite à diverses interventions que j'ai relevées sur mon blog. Je suis content que celui-ci ait pu servir à mettre en contact certaines personnes, je ne pouvais pas demander mieux.

La lecture que je recommande vivement à quiconque a été touché par l'inceste ou à quiconque connaît une victime est un petit livre très facile à lire, A LA PORTEE DE TOUS selon moi, soit : "Confusion de langue entre les adultes et l'enfant" de S. Ferenczi, l'un des rares psychanalystes qui ait eu à dire quelque chose de fondamental sur l'inceste, bien que ce ne soit pas le seul non plus.

samedi 15 mai 2010

Deux autres poèmes retrouvés

Encore une fois, poème est beaucoup dire, mais voilà...

L'ENFANT DE LA MORT

Je suis l'enfant de la mort,
l'orphelin de l'éternelle.

Je suis l'enfant de la mort,
de l'hydre aux cent têtes.
De cauchemars me nourris,
de silence m'abreuve.

Je suis le fils de la mort,
de la dame blanche arpentant le pavé,
du soleil noir de l'oubli,
des amours dépravés des harpies.

La fatale m'a donné la vie,
d'un baiser l'a repris.
J'ai planté mon dard entre ses reins,
et là il est resté.

Des monstres horribles habitent mes nuits,
et des pensées obscures hantent mes jours.

Je me lève au pôle sud,
dans les ténèbres glacées de la peur.
Je me couche au pôle nord,
dans les neiges de l'ennui.

J'ai vu les sourires brisés
des galériens enivrés.
J'ai bu les lèvres évanescentes
d'un souvenir qui ne sait s'éteindre.

Ma bonne étoile est aux enfers
à trinquer avec le diable.
Les lèvres effleurées ont souillé ma bouche
de boue, de sang et d'ordure.

Je suis le fils de la mort,
amant de l'infinie,
le néant est mon antre,
l'insoupçonnée ma maîtresse.

L'épée au fourreau a blanchi,
les yeux se sont fermés,
le volcan s'est éteint,
tout est bien.

J'étais jeune encore, lorsque la mort m'a donné rendez-vous.
Pour ne pas que j'oublie,
elle a laissé dans mes entrailles
l'empreinte de son corps flasque.

Ses seins cent fois rongés
se sont reposés sur mon ventre blanc.
Ses reins affairés et épuisés
ont délivré leur charge de venin.

Je suis l'enfant jamais né,
le fils qui n'est jamais parti,
Pégase de cendres, je parcours l'enfer
et mes sabots de sang lèvent une poussière infecte.
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Cauchemar

Cent fleurs se sont fanées,
cent été se sont consommés,
un vautour plane là-haut,
réclamant les agapes qui lui sont dues.

Là, par terre, un corps étendu,
les jambes écartées, éviré,
me présente ses grâces -
et je mange.

Les convives attablés
rient de me voir souillé de sang,
à chaque bouchée,
un vers, dérangé, lève la tête.

Le sang noir sur mes lèvres
jette des reflets lugubres.
La nuit envahit mon regard
et étreint mon esprit.

Le voile de pureté
s'est évanoui.
Un linceul de boue
m'invite à me reposer.

Le soleil du désert
a blanchi mes os
et les lambeaux de chair
qui s'obstinent à rester
s'aggripent désespérément
à ce qui fut autrefois un coeur.

Lorsque l'antique me donna la mort,
je n'étais qu'un enfant.
Dans un lit blanc d'hôpital
je vis défiler mes ancêtres.

Fermant les yeux, j'ai voulu voir le jour.
en les ouvrant, je n'aperçus
qu'une robe déchirée.
Ai-je compris alors ?

Un cri de désespoir
s'efforça de faire fuir les ténèbres,
mais les légions cauchemardesques
sont arrivées au grand galop.

Couché dans les draps blancs,
j'ai couvert ma tête et,
depuis, je n'en suis plus sorti.
A quoi bon raconter la suite,
si l'histoire ne fait que se répéter ?
A quoi bon ?

Les yeux secs (poème retrouvé)

Voici un poème vieux de plus de vingt ans. Un poème, pas vraiment, puisque je ne suis pas littéraire pour un sou, mais c'est à travers cette forme que j'ai essayé de m'exprimer...

secs, secs sont les yeux
secs, secs sont les vieux
et je pleure cent larmes
et je pleure sans larmes
et je ne pleus plus
et je ne peux plus

Oui, secs, secs sont les yeux
secs, secs sont les coups

Je ne pleure plus,
je ne ris plus,
mais ai-je jamais ri
mais ai-je jamais pleuré,
mais ai-je jamais vu

secs, secs mes cheveux
car trop sec est le vent
du profond intérieur
et trop vieux est le banc
sur lequel je n'ose m'asseoir
et trop jeune est le coeur
sur lequel je n'ose me recueillir
et trop grand est l'amour.
Trop grande la décharge privée,
trop grand le désert de peur,
la Sibérie des quatre-vents,
l'affront supporté et rendu,
la justice inassouvie.

Trop sèches les ruines qui ne fument plus
par peur de trahir le feu qui ne brûle plus.
Trop grand et trop sec le calme
d'après la tempête à venir,
la tempête qui n'éclatera pas,
ne brisera pas,
ne chantera pas,
ne tuera pas,
ne nuira pas,
ne trahira pas,
ne vengera pas,
car il n'y a rien à venger.
Il n'y a plus que des cailloux secs, secs, secs,
coulant de mes yeux secs, secs, secs,
qui n'attendent que la fin de l'oubli,
attentifs à ne pas manquer le final.

Oui.
Non.
Oui.
Non.
Oui.
Non.

Je ne pleure pas,
je ne veux pas,
je ne vis pas,
je ne tais pas,
j'oublie.
Je ne fuis pas,
Je ne cherche pas,
je ne marche pas,
je ne sec pas,
je ne noie pas,
je ne crois pas,
je ne vois pas,
Je... ne... pas !

Sec, bien trop sec,
la forêt est partie.
La forêt est morte,
ma mère est morte
par manque de bois.
Je n'ai pas voulu sacrifier mon coeur de chaîne,
je n'ai pas voulu
Je n'ai pas voulu
Qui a volé mon coeur,
Qui a châtré mon âme,
Qui a brûlé mes yeux,
Qui m'a enculé.
Non, je n'ai pas voulu.
Je n'ai plus voulu visiter son antre,
je l'ai perdue dans la forêt,
en courant après les loups, nu, un soir d'hiver,
en courant après vous.

Secs, toujours secs, encore secs,
j'ai brûlé le feu, et avec le feu l'antre, et avec l'antre le fer.
Personne ne veut en moi.
La pluie est lointaine,
à l'autre bout de l'hémisphère.
Il me faut pénétrer la terre,
il me faut la battre, la traverser de part en part.
Mais la pluie me fuit.
Elle sèche dans mon coeur, ne laissant que son amertume,
et le désert.

Sec, sec est mon arbre.
Il ne pleure plus, il est loin de la terre,
il est loin de la mère.
Secs, secs mes souvenirs,
comme un centime perdu et rongé.

Sec, sec mon passé
qui ne peut plus voir le jour.

Sec, sec, sec mon être
qu'on n'a su faire naître.
Secs, secs mes yeux,
mais encore moins froid que la mort.
Tiens, voilà le vent du nord qui se lève.

mercredi 12 mai 2010

Problème (2)

Dans une relation de couple, le problème revient à la question de confiance: jusqu'où est-ce que je m'autorise à demander de l'aide à mon partenaire ? Jusqu'où est-ce que je m'autorise à me révéler moi-même ? Et donc, jusqu'où ma partenaire peut-elle avoir confiance en qui ne se démasque pas totalement ?

dimanche 9 mai 2010

Problème

Problème : peut-on apprendre à vivre par devoir pour ses enfants ou pour toute autre personne.

Réponse : non parce que, pour apprendre à vivre, il faut apprendre à se respecter, voire à s'aimer, et on ne s'aime pas pour l'amour des enfants, par devoir.

Réflexion annexe: les enfants ou le compagnon / la compagne ne peuvent pas servir pour donner un sens à la vie parce que 1) ce serait comme s'aimer soi-même pour l'amour d'un autre, ce qui est un contre-sens; 2) ce serait prendre l'autre pour une fonction dans notre propre vie, et non pour une personne à soi, indépendante de nous.

mercredi 5 mai 2010

Mélancolie

Il faut passer sa vie à se battre. Lorsque la mélancolie vous prend et vous fait oublier la noirceur du passé pour vous présenter la souvenance de moments heureux qui n'ont jamais existés - qui n'étaient bonheur que dans la mesure où les coups ne pleuvaient pas et que le coeur était encore nourri de l'espoir que demain peut-être... il faut se battre pour ne pas retourner en arrière, réprimer ses larmes qu'autrefois on confondait avec des larmes d'amour purifiant la scabrosité d'une existence pourrie. Et pourtant, ces larmes étaient consolatrices, tranquillisantes: pleure mon enfant, jusqu'à ce que le sommeil s'abatte sur toi, t'abatte. Demain tu te réveilleras, qui sait où, qui sait après quelle aventure - peut-être la tête te fera mal, peut-être un peu de nausée et ce goût étrange dans la bouche...

Il faut se battre pour redonner aux sentiments leur cadre véridique, pour passer du songe-creux au creux des songes.

Triste existence que celle-ci, pourtant.

Faire face à la mélancolie, la prendre en pleine figure, sans céder, sans excuses...

dimanche 28 mars 2010

Viol d'anges (Martine Bouillon) II

"Si on arrive à faire comprendre à un enfant qu'on ne va plus l'aimer s'il nous déçoit, il va se livrer à une espèce de surenchère et aller jusqu'à imaginer ce qui ferait plaisir à l'adulte. Sans en avoir l'air, l'adulte l'a conduit peu à peu à ce qu'il voulait entendre. Il finit par faire comprendre à l'enfant que c'est presque lui le violeur, le demandeur. Le triomphe du pédophile consiste à retourner complètement la situation : à l'entendre, c'est l'enfant qui le viole, lui.

"De tels propos reviennent presque constamment dans les 'aveux' des pédophiles : 'C'est un petit cochon, vous ne le connaissez pas, il est porté là-dessus, c'est lui qui m'a séduit, qui m'a obligé, et je ne suis coupable que d'une chose, d'avoir cédé.' On a complètement retourné l'image de l'abuseur et de l'abusé. Et l'adulte a si bien enfermé l'enfant dans cette image, dans cette culpabilité, que la victime va se taire : il ne va effectivement pas dénoncer l'autre, car il se dénoncerait lui-même. C'est d'une effroyable subtilité psychologique.

"De la même façon, les campagnes de prévention où l'on enseigne à l'enfant à dire non, à résister à l'adulte, relèvent en réalité du langage du pédophile, car on retourne ici les situations. Je crois que le langage de la justice, des assises notamment, consiste à remettre chacun à sa place. L'enfant n'a pas de responsabilité. Par définition, il n'est pas responsable de lui-même. On peut lui faire accomplir ou dire tout ce qu'on veut, il n'a aucune notion du danger réel. L'adulte est forcément, toujours, le coupable. Et dans le cadre de l'instruction, c'est ce que j'ai le plus de mal à faire entendre aux mis en examen. Il faut pourtant que j'y parvienne, il faut qu'eux-mêmes arrivent à le comprendre, sinon la récidive est presque certaine. Mais les pédophiles croient d'autant plus à leur discours qu'après l'avoir fait croire à l'enfant, celui-ci leur restitue."

______________________
Je crois qu'on retrouve là les observations d'Annie Leclerc: bien entendu qu'il est préférable que les enfants sachent se défendre, mais on ne peut pas les accuser de ne pas dire non. Bien que j'ais tout oublié du passé le plus ancien avec ma mère, je sais qu'adolescent, elle n'avait pas besoin de demander et il lui était donné: j'allais jusqu'à voler pour elle sans qu'elle me le demande. Lorsqu'enfin j'ai choisi de mettre fin à notre relation, je m'en voulais de n'avoir pu la sauver, mais je ne pouvais pas l'accompagner alors qu'elle-même n'arrivait plus à s'intéresser vraiment à moi. C'était une histoire d'amour qui finissait mal. Ce n'est que très récemment que j'ai commencé à prendre la mesure des choses. Si on m'avait demandé: mais pourquoi n'as-tu pas dit non, je serais parti d'un fou rire hystérique sans comprendre si c'était bien à moi qu'on parlait. Je n'étais pas de ce monde et je n'imaginais pas d'autre façon de vivre que la mienne. Tout était dans l'ordre des choses.

D'ailleurs, je n'ai jamais songé à dire non à cette ado qui, elle aussi, s'est intéressée à mon corps d'enfant, ou encore à l'amie de ma mère: ce n'était pas pensable pour moi, comme si tout avait toujours été comme ça. Je me gardais bien de le demander aux autres enfants, de peur qu'ils ne me répondent que tout n'était pas nécessairement dans l'ordre des choses chez nous.... A combien d'autres n'ai-je pas dit non ? Je ne sais pas, mais l'enfant ne devrait pas être dans une situation dans laquelle il devrait avoir la maturité d'un adulte dans ce "NON" à quelque chose qu'il n'est pas censé connaître.

L'abuseur se projette ainsi tout entier dans l'abusé qui, par besoin d'amour, de croire en sa propre bonté peut-être, introjecte avidement ce parasite et s'en drogue jusqu'à ne plus pouvoir s'en passer même à l'âge adulte. Quelle horreur ! Même ses enfants, s'il a le temps d'en avoir, risquent d'être infectés par ce virus !

Viol d'anges (Martine Bouillon)

"Le silence que rencontrent les victimes de pédophiles pèsent sur eux comme une chape de plomb : tout le monde se tait, personne n'entend. Quand on pointe toutes les dénonciations auxquelles l'enfant s'est livré pour dire ce qui lui arrivait- parce que les enfants ne dénoncent pas seulement par la parole, mais aussi par l'expression corporelle, le travail insuffisant ou excessif à l'école, l'expression artistique : un dessin, une question, un regard, un comportement toujours triste, prostré ou excessivement gai devraient alerter. Or, personne n'a rien vu. Surtout pas ceux qui étaient là pour eux, les éducateurs, qui auraient dû voir...
Le silence de l'enfant est étrange, on pourrait presque dire qu'il est contagieux : personne ne voit parce que personne ne veut voir.

...

Il y a un autre facteur qui explique le silence de l'enfant et qui tient véritablement de l'omerta (la loi du silence en Corse) : la toute puissance des parents. Tant qu'il est à la botte, entre les mains de ses parents, à domicile, il ne parlera pas. Il ne le fera peut-être qu'une fois sorti du sein familial... De fait, un enfant de cinq ou sept ans ne sait pas de quoi il s'agit, si c'est bien ou mal, il subit, comme il subit tout le reste. Et le pédophile, qui est un manipulateur-né, un séducteur d'enfants, sauf quand c'est un débile, (...) lui fait croire chaque fois que c'est normal, que tout le monde fait la même chose. L'enfant accepte donc. Le pédophile parvient souvent à retourner la situation de telle sorte que c'est même l'enfant qui réclame : c'est sa façon d'exprimer son amour, il n'y voit pas mal."

jeudi 25 mars 2010

Femmes fatales (Michèle Agrapart-Delmas)

Un petit passage de ce livre qui contient des observations qui, je pense, vont au-delà des profils ici concernés, ceux des "serial killer".

"Or tout individu relevant de l'article 122-1 est considéré comme non punissable en raison de l'abolition totale ou partielle de son discernement, et échappant ainsi à la sanction pénale, va aller grossir les services de psychiatrie. Cependant l'exonération de peine, le non-lieu psychiatrique sont rarissimes en matière pénale, et liés essentiellement à des maladies graves comme la schizophrénie. C'est toute l'ambiguité entre les concepts de responsabilité, d'imputabilité et de punissabilité...

D'autre part, on n'est jamais fou à temps plein tandis que la guillotine, qui n'a d'ailleurs jamais été dissuasive pour les criminels toujours persuadés d'être plus malins que les policiers et de fait de leur échapper, évite certes les récidives mais pas les erreurs judiciaires.

La quasi-totalité des tueurs multirécidivistes ont tout leur discernement et leur parfaite lucidité. Les actes sont commis en toute connaissance de cause pour apaiser une pulsion, et le plaisir éprouvé entraîne la récidive.

Mais traiter un criminel de fou, c'est se différencier de lui, ne pas s'y identifier, le mettre à bonne distance sécurisante pour chacun d'entre nous en l'excluant d'une société de gens dits 'normaux' qui eux ne violent pas les jeunes vierges ni ne tuent les enfants."

Ce qui m'intéresse ici, ce sont tout d'abord ces trois concepts de "responsabilité", "imputabilité" et "punissabilité". De même, la remarque sur la folie à temps plein. Dans les affaires de viol et d'inceste, on entend toujours la même rengaine: un homme, le pauvre, a été victime de ses pulsions. Que voulez-vous, c'est un homme et sa femme le délaissait ou il était pauvre d'esprit, il a eu une enfance difficile. Mais cet homme qui viole sa fille plusieurs fois par semaine sur des années et ne s'arrête que quand la jeune fille le menace de tout dire, cet homme n'a-t-il pas eu le temps de penser pendant toutes ces années ? Et le violeur d'un soir doit-il nécessairement se défendre en arguant que la fille était consentante ?

Pendant longtemps j'ai excusé ma mère en disant que la pauvre était issue de l'assistance publique, qu'elle avait sans doute été abusée elle-même, qu'elle était dépressive, voire malade mentale, mais est-ce que tout cela doit l'excuser d'avoir ruiné la vie de ses trois enfants ? Ce qu'elle a commis ne peut que lui être imputé, et elle seule est responsable parce que, sur plus de 15 ans, elle a nécessairement eu la possibilité de réfléchir et voir l'horreur qu'elle nous faisait vivre à nous et aux autres enfants. Punissable, donc, et pas seulement à traiter en asile psychiatrique (d'ailleurs, l'asile ne lui a rien fait). Mais pas si anormale, car combien ont participé aux orgies ? Tous des gens très respectables, pères de famille et autres...

mardi 23 mars 2010

La pédophilie (Annie Leclerc)

"Toute la pédophilie est contenue dans cette incommensurable violence qui consiste à plonger l'enfant dans la confusion des ordres clairs, à l'associer par le silence à son bourreau, à le troubler au point d'anéantir le sens qu'il a de lui-même."

....

"Où va le désir du pédophile ? Il va à ce qu'il obtient: le trouble, la confusion, la reddition de l'enfant à l'adulte. Il jouit d'une effraction intime que l'enfant n'ose dénoncer comme violence. Il jouit de la non-résistance de l'enfant, de sa malléabilité, de son impuissance...

...Le pédophile n'est pas méchant au sens où il viserait la souffrance de l'enfant, sa peine, son agonie. Bien au contraire, ses larmes lui insupportent, ses protestations l'exaspèrent. Il veut l'enfant mou et muet. Il veut en user comme bon lui semble."

Annie Leclerc, La honte (Paedophilia)

"Comment entendre les grands, les parlants, les bienveillants, les véridiques, lorsqu'ils proclament que les grands, les parlants, peuvent être malveillants et menteurs ? Qu'est-ce qu'un loup qui se révèle d'autant plus loup qu'il ne se comporte pas d'abord comme un loup ?"

....

"Depuis quelques temps, on incite l'enfant, à grand renfort de publicité, à témoigner - il faudrait dire à dénoncer - des agressions dont il a été victime. Mais comment peut-il 'dénoncer' celui auquel il n'a pu dire non ? Sa honte d'avoir compris sans vouloir montrer, sa honte d'avoir plié pour ne pas dénoncer l'agresseur à lui-même, s'aggrave maintenant de celle de s'être tu, de se taire encore, et toujours plus honteusement puisqu'on l'assure qu'il devrait parler. Décidément on veut que l'enfant ait honte.
Voulant l'aider, on risque bien de l'enfoncer plus obscurément encore.
Si j'imagine l'effet que peut produire, sur un enfant soumis à l'inceste par exemple, ces appels allègres à la dénonciation, cette soudaine et furieuse condamnation du crime pédophilique, je crains qu'il ne soit, dans bien des cas, désastreux. Il ne veut pas que ce soit aussi terrible qu'on dit."

....

"Est-ce lui l'enfant qui devrait, par sa plainte, fendre la mère en deux, briser la famille en quatre, livrer le bourreau aux crachats publics, à la police, au cachot ?
Est-ce à lui de précipiter parmi les siens le désastre qu'il cherche à leur épargner par son silence ?...

...Et puis parler c'est faire exister la chose, lui donner sa pleine réalité. Une fois que c'est dit, on ne peut plus effacer, oublier... On peut toujours espérer avoir fait un mauvais rêve, un mauvais rêve de loup, qui se termine bien."

lundi 22 mars 2010

Paedophilia (Annie Leclerc)

"L'enfant ne veut pas seulement être aimé, il veut parler. Quand il ne le peut pas, quand il sait mieux que vous ce qui ne se dit pas, il apprend aussi qu'On veut sa mort. Qui, On ? Pas forcément celui qui l'a forcé. Mais qui alors ? Justement ça il ne sait pas. On, c'est ce qui l'empêche de parler, le fait rentrer au fond de lui, dans une nuit d'abandon, où se trament peu à peu dans l'ombre d'obscures vengeances encore sans visage ni destinataire."

"L'enfant, ou le non-parlant. C'est bien ce qu'a voulu dire d'abord le mot 'enfant'. Enfant : du latin 'in', particule négative, et 'fans', participe présent du verbe 'fari', parler. Enfant a donc désigné d'abord le nouveau-né ou le très jeune enfant. Celui qui ne parle pas."

"Il ne faut pas prendre les enfants pour des idiots.
Ce n'est pas parce qu'ils la bouclent qu'ils ne savent pas ce dont il s'agit.
Et ce n'est pas non plus parce qu'ils laissent faire qu'ils y trouvent leur compte."

jeudi 18 mars 2010

Pornographie et pédophilie

Pourquoi cet intérêt pour la pornographie à travers le livre de M. Marzano, "La pornographie ou l'épuisement du désir" ?

Tout comme la pornographie n'a plus grand chose à voir avec la sexualité, la pédophilie et la pédophilie incestueuse n'ont, elles non plus, rien de sexuel.

La sexualité est un échange entre personnes, une "rencontre" dans laquelle deux personnes, ou plus, partagent des sensations et explorent les limites réciproques à travers le corps pour se retrouver soi-même dans le rapport à l'autre qui doit, par nécessité, rester autre.

Dans la pornographie, le corps du désir est morcelé et tué, l'objet du désir est présenté comme prédigéré, vidé de son sens et proposé à la consommation: l'autre n'est plus.

De même dans la pédophilie: comme l'avait déjà exprimé Ferenczi, l'enfant ne peut comprendre le langage sexué de l'adulte et tout échange est donc, par définition, impossible au niveau de la sexualité avec un enfant. Ce ne peut donc pas être la "chose sexuelle" qui attire un adulte vers un enfant, que cet adulte soit un parent ou un étranger. Le rapport pédophile/incestueux est un rapport de possession dans lequel l'enfant ne peut jouer le rôle d'un "Autre" irréductible: l'enfant est là pour être annihilé, choséifié. Il est un bout de chair entre les mains de l'adulte qui ne connaît plus les limites de l'interdit érotique, pour parler dans l'esprit de M. Marzano.

L'enfant, de par sa fragilité, est immédiatement disponible et consommable: il est manipulable à merci. L'adulte peut l'éduquer à obéir. Combien de cas d'enfants relève-t-on dernièrement dans la presse qui ont été littéralement élevés dans l'esclavage et habitués à obéir jusqu'à un âge avancé: depuis Fritzl en Autriche, un cas en Pologne, un cas en Angleterre, un autre bien connu depuis longtemps en France, un autre encore aux Etats-Unis.

Ces rapports nés dans la pédophilie n'ont rien à voir avec la sexualité: il s'agit de la négation de toute sexualité, d'une prise de pouvoir d'un ego par assimilation d'un autre. L'autre est littéralement digéré, phagocyté. Il devient la projection vivante de l'égo du pédophile.

Le sexe est ainsi nié à la victime. Pornographie, pédophilie, sadisme - tout cela est inspiré à la même veine sombre de l'humain, le refus du vide d'un ego en projetant ce vide dans un autre, en se débarrassant de son vide de sens et en créant un vide de sens en reflet dans la victime qui devient victime expiatoire, victime excrémentielle, dépositaire des ordures du tortionnaire.

D'où l'importance du manque d'empathie même chez un pédophile qui ne serait pas de type "agressif": l'enfant est, selon lui (ou elle d'ailleurs) demandeur de "câlins"; l'enfant ressent du plaisir et en est reconnaissant. C'est ce que le pédophile finit par croire non pas parce qu'il réussit à s'en convaincre, mais parce qu'il est incapable de saisir l'altérité dans l'autre et finit donc par se retrouver lui-même dans les yeux de sa victime en s'y projetant avec avidité.

La peur de l'autre entraîne ainsi la recherche d'une marionnette qui est négation de l'altérité puisque privée de volonté et de désirs propres. L'enfant est le désir du pédophile et ne peut donc avoir d'autre désir que le désir du pédophile (ou du parent incestueux). L'enfant est par essence, aux yeux du pédophile, un être à modeler selon son bon vouloir : il est tout le contraire d'un sujet libre susceptible d'imposer une volonté ou un désir à l'égal de la volonté ou du désir de l'adulte. Finalement, c'est l'adulte qui doit interpréter le comportement de l'enfant comme consentant ou non consentant, et le pédophile voit toujours l'enfant comme consentant, jusqu'à ce que, d'ailleurs, l'enfant finisse par le croire lui-même. Le cercle est alors bouclé et l'enfant-victime s'accole de plus la responsabilité de sa propre victimisation, libérant définitivement le pédophile de tout remord qui pourrait, d'aventure, subsister encore.

mercredi 17 mars 2010

La Pornographie (Michela Marzano)

"Dans la sexualité, donner et prendre ne font qu'un..."

"Lorsque 'le désir se brise et se satisfait comme le plus égoïste et le plus cruel des besoins', alors l'autre n'est plus le signe de ce que je n'ai pas. Il n'est plus un autrui qui me met en question en contestant ma prise sur les choses. Il devient un instrument dont je peux me servir, dont je peux m'emparer.
"C'est là que prennent place la pornographie et ses représentations. C'est là que s'installe l'obscène. Un obscène naissant d'un regard qui réduit le sujet à une chose et offense le désir en le brisant sur la nudité de l'organe.
"Dans la pornographie, ce qui est représenté est l'absence de la faille: la rencontre sexuelle n'a pas lieu, au moins dans la mesure où ce qui est en jeu est la maîtrise du manque, sa réduction à 'rien' par l'effacement de l'autre."

lundi 8 mars 2010

L'autre

L'autre est source d'enrichissement comme il peut être source d'appauvrissement. C'est dans l'autre que nos identités possibles se réalisent pour nous être renvoyées en miroir. Il n'existe pas d'identité sans altérité.

Dans l'inceste et dans la manipulation pédophile, par contre, c'est l'altérité de l'enfant qui est niée pour devenir l'objet des projections du soi de l'agresseur: l'agresseur attribue à l'enfant des pans de soi-même, de ses fantasmes et peut-être de son passé. Le pédophile se projette dans l'enfant, en phagocyte les représentations et en nie l'identité.

Redécouvrir l'autre est le grand obstacle après avoir subi un tel parasitage.

jeudi 4 mars 2010

Identité personnelle et identité collective

"L'individu n'est pas un atome constitué, avec une identité personnelle qui lui appartiendrait en propre. Mais un système ouvert, un centre de production du sens de sa vie interconnecté à d'autres centres, susceptibles de le déposséder de sa maîtrise personnelle. Cette < dépersonnalisation > se produit d'autant plus aisément que donner sans cesse un sens particulier à sa vie est mentalement fatigant et pénible. Et qu'il est au contraire reposant et socialement réconfortant de se couler dans des évidences collectivement partagées." J-C Kaufmann, L'invention de soi.

Remarques très pertinentes, d'où le danger des "associations de victimes", libératrices dans un premier temps, puis danger de renfermement identitaire sur le seul statut de victime.

Produire du sens en sortant de soi. Se libérer en "s'engageant", comme le voulait Sartre, mais s'engager en de multiples endroits, à de multiples niveaux, souvent contradictoires, pour préserver sa liberté. Ne pas donner un sens à sa vie, mais une multiplicité de sens, au sein de sa famille, de ses amis, sur le travail, dans ses appartenances à des clubs, groupes ou associations. Créer un foisonnement de sens non pas pour se trouver, mais pour se créer.

Plus qu'apprendre à s'aimer, apprendre à créer une vie que l'on puisse aimer parce que riche de sens, d'occasions de fuir le banal, les mécanismes lourds de réminiscences cachées.

S'inventer et se réinventer, c'est être. On est ce qu'on se fait. Il ne s'agit donc pas de retrouver un "soi" substantiel qui serait tapi quelque part au fond de nous, mais de créer un "soi" avec une sémantique aux articulations toujours renouvelées, toujours renouvelables, existant au creux de leurs propres contradictions.

Exploiter pour cela les appartenances sociales (associations, regroupements, etc.) sans jamais toutefois se laisser prendre au jeu des identifications collectives. Rester soi-même implique alors de relativiser ses appartenances et soi-même, ce qui entraîne la reconnaissance des autres commes d'autres "soi" eux aussi relatifs et relationnels. Engagement sincère, mais non pas totalitaire, positif,, mais pas jusqu'à la négation de soi.

Beaucoup d'implications là-dedans. À approfondir.

mercredi 3 mars 2010

Briser les chaînes

Briser les chaînes d'une étrange faiblesse dans les rapports subis d'humiliation. S'affranchir. Pour cela, poser la question: "Qu'est-ce que je veux ?"

Apprendre à poser cette question et, peu à peu, à relever les yeux.

Fascination pour le morbide, pour la violence infligée, pour la banalisation de la souffrance subie et la peur du normal, du fort.

Grandir hors de cet enfant pour aimer et vivre, pour s'aimer et se vivre, et rendre aux autres qui nous ont aimé à hauteur de ce qu'ils nous ont apporté.

Pour ceux qui ont voulu partager en toute sincérité avec nous, apporter cette part de liberté qu'eux-mêmes nous ont offert: il ne veulent pas la soumission de l'enfant battu et violé, mais un sentiment sincère et sans contrainte.

On ne peut pas aimer sans accepter d'être aimé.

vendredi 26 février 2010

Citation

"Le moi n'est personne sans les autres" (JC Kaufman, L'invention de soi)

Que se passe-t-il lorsque les autres sont, pour un enfant, des adultes vicieux, incestueux, toxiques ? Comment se forme le moi ?

Le moi se forme normalement par confrontation avec un univers "dans la norme". Le parent incestueux ou le pédophile propose à l'enfant une norme perverse.

De là, comment apprendre une norme qui soit celle acceptée du plus grand nombre ?

lundi 11 janvier 2010

Réponse aux derniers commentaires

Notre vie ne vaut rien: on nous prend, on joue avec ce corps d'enfant, on satisfait ses besoins d'adulte sans que l'enfant ne comprenne rien à cette jouissance, zt puis on laisse l'enfant plein de ce sperme, épuisé, confus, douloureux. On regarde ce petit recroquevillé avec dégoût, on s'essuie sur lui comme sur un paillasson, et on pense à autre chose. On verse l'aumône de quelques sucreries, pour certains.

Et moi je reste là, sans comprendre, sans être compris ni par les grands, ni par les enfants, ni par moi-même. Ma mémoire de robot n'enregistre pas tout, n'enregistre pas ce qui est humain. Puis le jeu revient, l'enfant humain, confus et dans l'angoisse de la prochaine fois.

25 l'ont eu: pas mal, belle réussite, mais quelle réussite vaut contre "ça" ? Il y a peut-être erreur sur la personne ? Est-ce que je méritais de passer ce diplôme ? Et pourtant, passer un diplôme n'a rien de mystique et les résultats se moquent bien de ce qu'on a vécu enfant. 25% de réussite à un examen, c'est peu, et tu es dans le lot, donc bravo.

On va y arriver, Nath, mais arriver à quoi: dis-toi plutôt que nous y sommes déjà arrivés, que si nous sommes là aujourd'hui, et pas dans un asile, c'est que nous sommes forts. Et pourtant, nous ne sommes pas comme les autres: il y a un vide de sens en nous parce que nous avons eu à faire avec quelque chose d'incompréhensible: non pas l'Incompréhensible avec un "l'" et une majuscule, mais avec un adulte qui prend son pied au dépens d'un être incapable de comprendre dans son corps et dans sa tête: incompréhensible relatif à un degré de maturité, donc, mais incompréhensible au sens le plus absolu du terme tout de même. La plupart des gens n'ont jamais rien connu d'absolument incompréhensible.

Cet inconpréhensible est devenu une sorte de trou noir qui engloutit tout le sens dans notre existence, à moins que nous ne réussissions à nous accrocher à la "réalité réelle", un enfant, un compagnon, un travail, n'importe quoi de suffisamment solide susceptible non pas nécessairement de donner un sens à notre existence, mais de justifier toute source éventuelle de sens en nous, malgré tout encore présente en dépit de la folie, de la rage, de la peur, de la honte, de la salissure, de la douleur d'avoir mal et de ne plus avoir mal.

Mais le trou noir restera toujours là, tapi, à nous attendre au détour, nous rappelant que nous devrons toujours lutter pour donner un sens à la vie, c'est-à-dire construire de façon active une existence affective et objective qui ait ses sources de satisfactions, un droit à exister. Nous sommes ainsi ramenés à l'eessentialité de la nature humaine, comme si l'abus avait dépouillé l'existence de tous ses atours pour nous ramener au fondement même de l'humanité, car nous luttons contre l'inhumain, la déshumanisation. Nous avons été machine à sexe, quelles que soient les justifications ou auto-justifications de nos bourreaux, de la chair fraîche. C'est contre la déshumination qu'il nous faut nous battre, l'origine de toute existentialité. Mourir, c'est perdre son soi, ne plus être, ne plus avoir à lutter, mais ce n'est pas, paradoxalement, ne plus souffrir: la mort n'est pas, essentiellement parlant, absence de souffrance: l'absence de souffrance est une conséquence secondaire. La mort n'est pas une réponse à notre douleur. Céder, pour nous, c'est renoncer au droit à exister en tant qu'iindividu: je rêve qu'on me tue, et non pas de me tuer, même s'il m'est arrivé de vouloir me tuer. La déshumanisation aurait été complète si les amants de ma mère m'avait tué au lieu de m'humilier et de me laisser en vie, avec cette humiliation. C'est eux qui avaient la solution en main, me tuer. Etrange délire, j'imagine. Sans doute ne serez-vous pas d'accord avec ces pérégrinations mentales. Je ne sais pas moi-même si je ne suis pas en train de divaguer totalement. Et pourtant, c'est d'être tué ou d'avoir été dont je rêve, et non pas de me tuer.

dimanche 10 janvier 2010

Pourquoi ?

Pourquoi on ne m'a pas tué.

Rien d'autre ce soir.

J'aimerais être mort, qu'on m'ait tué après m'avoir usé.

mercredi 6 janvier 2010

L'invention de soi, J.C. Kaufmann

1. L'identité est une construction subjective.
2. Elle ne peut cependant ignorer les "porte-identité", la réalité concrète de l'individu ou du groupe, matière première incontournable de l'identification.
3. Ce travail de malaxage par le sujet se mène sous le regard d'autrui, qui infirme ou certifie les identités proposées.

mardi 5 janvier 2010

Récapitulatif des images

Ce qui suit est une liste d'images récurrentes. Il ne s'agit pas de "souvenirs": je ne peux pas jurer sur l'honneur que ces scènes ont un jour eu lieu. Si on me le demandait, ma réponse serait qu'il s'agit de cauchemars inventés par une imagination peut-être pervertie, mais en tous les cas malsaine.

Un petit garçon étalé nu sur une table au milieu d'adultes, honteux.

Un petit garçon aux toilettes avec un monsieur, fellation.

Un enfant sur la banquette arrière d'une voiture.

Une petite fille cachée sous un lit de fer de belle hauteur.

Un sexe de chien et un garçon.

Un enfant nu dans le froid d'hiver.

Un garçon étendu à côté d'un homme doux, tous les deux nus.

Un garçon sautant par-dessus un lit pour fuir un homme nu le poursuivant.

Un garçon cherchant désespérément à danser avec maman pour ne pas être seul avec d'autres.

La tête d'un petit garçon entre des cuisses de femmes.

Des sexes d'hommes dans la bouche ou la main d'un garçon.

Une rivière de nuit.

Une pièce avec une grande table et des enfants.

Un garçon au milieu d'hommes nus dans une pièce toute blanche.

Un adolescent dans la forêt tiré par les pieds par deux hommes.

Des mains, beaucoup de mains.

Odeur d'alcool, de cigarette, de sueur.

Les jambes droites d'une femme, petite de taille.

Les yeux d'une femme derrière ses lunettes.

Des pièces sombres avec plein de corps.

Une chambre avec une petite fenêtre, un grand lit au milieu, beaucoup de monde.

Une chambre d'enfants, je crois, avec ce lit haut déjà mentionné. Des enfants qui attendent avec angoisse.

Des bouches sur des lèvres d'enfant.

Un homme, grand, maigre, avec moustache, portant une petite fille (6-8 ans ???) sur un bras.

Beaucoup d'ambiances bruyantes, d'adultes ivres.

Pas ou peu de visages, sauf le grand homme maigre. Des parties de corps, tous détachés les unes des autres.

Vêtements de campagne, les pantalons surtout.

Un garçon avec les yeux résolument dirigés vers le bas: pas un regard levé.

Grand trou dans la forêt - de la boue, de l'eau, de la boue, de l'eau. Peau boueuse, peau froide. Viol dans la boue.